Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-du-Château
La chapelle Notre‑Dame‑du‑Château, dernier vestige du château de Saignes, est une chapelle castrale de style roman auvergnat située à Saignes (Cantal), dans la communauté de communes Sumène Artense. Elle se dresse au sommet d’un rocher, à 200 m au sud de l’église Sainte‑Croix, sur le site de l’ancien château. Classée au titre des monuments historiques le 17 août 1921 avec l’église Sainte‑Croix, elle a été construite au XIIe siècle. Le château de Saignes est cité entre 940 et 1093 comme un alleu enclavé dans les terres de l’abbaye de Sens. Entre la fin du Xe siècle et le milieu du XIe siècle, l’alleu et son château se constituent en seigneurie indépendante. La chapelle castrale relève de cette période et constitue aujourd’hui le seul élément subsistant de l’enceinte. La famille des Comtours de Saignes est connue depuis 1187 et possède le château jusqu’au XIVe siècle, puis la seigneurie passe aux familles les plus puissantes de la région : la tour d’Auvergne, Chabannes, Levis Charlus, la croix de Castries et Caissac. Un terrier de 1441 indique que l’enceinte comprenait 35 loges ou cabanes, sans doute destinées à l’hébergement temporaire des habitants du bourg, qui n’était pas fortifié. Au XVIe siècle le château est en ruine et une maison seigneuriale est alors édifiée dans le bourg pour le remplacer. Au XIXe siècle la façade ouest de la chapelle a été surmontée d’un campanile et l’abside a reçu un décor peint.
La chapelle est bâtie en pierre de taille brune, en grand appareil de tuf volcanique, et sa maçonnerie montre de nombreux trous de boulin. Elle se compose de deux travées voûtées et d’une abside également voûtée en charpente ; l’intérieur ne comporte aucun décor. À l’extérieur, le portail est flanqué de quatre colonnettes aux chapiteaux et bases sculptés. La façade occidentale présente un portail à voussures multiples encadré de deux paires de colonnes et surmonté d’un petit oculus ; elle est coiffée d’un clocheton à baie campanaire unique et d’une croix en pierre. Les façades latérales sont soutenues par de puissants contreforts et percées de petites fenêtres à simple ébrasement. Le chevet se compose d’une abside semi‑circulaire en appareil très régulier, rythmée par des colonnes engagées, percée d’une unique petite fenêtre à simple ébrasement et couronnée d’une corniche saillante supportée par des modillons.
L’église Sainte‑Croix voisine est, elle aussi, un édifice roman : sa façade présente un arc et deux demi‑arcs retombant sur deux colonnes aux chapiteaux et bases richement sculptés, surmontés d’un large oculus en forme de rose. Son abside porte une corniche à corbeaux sculptés et trois fenêtres avec archivoltes ornées de billettes et d’un gros tore reposant sur deux colonnettes aux chapiteaux et bases sculptés. Intérieurement, l’église est voûtée en berceaux ; les deux premières travées forment la nef, la troisième le transept et la quatrième le chœur sous le clocher, les arcs doubleaux étant soutenus par des colonnes aux chapiteaux et bases sculptés. Deux chapelles ajoutées au XVe siècle complètent l’ensemble.