Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-du-Chêne
La chapelle Notre-Dame-du-Chêne se situe à Blotzheim, dans le Haut-Rhin, et a été édifiée sur une ancienne chênaie romaine ; elle est la seule chapelle d’Alsace placée sous le vocable Sancta Maria ad Robur. Construite et remaniée à différentes époques, elle a servi de chapelle de pèlerinage et d’église paroissiale du XIVe au XVIIe siècle. Le clocher, daté de 1494, est encastré entre le mur sud du chœur et l’angle sud‑est de la nef ; il présente des baies gothiques et est coiffé d’un toit en bâtière surmonté d’un clocheton. La nef rectangulaire, reconstruite en 1629 et couverte de deux longs pans, est éclairée par des baies néo‑gothiques aménagées à la fin du XIXe siècle. Le chœur actuel, millésimé 1712 et issu d’une reconstruction menée de 1712 à 1717, est voûté d’arêtes et se termine par une abside à cinq pans.
Au XVIIe siècle la chapelle menaçait ruine : en 1685 le toit et la voûte du chœur s’étaient affaissés et la communauté dut engager des procédures judiciaires contre les décimateurs, condamnés en 1699 puis à nouveau en 1711, ce qui permit la reprise des travaux sous la direction du tailleur de pierres bâlois Jean‑Jacques Pack. La chapelle et ses autels ont été consacrés le 24 août 1740.
Le maître‑autel baroque, daté de 1717 et attribué à Hugues‑Jean Monnot, se compose d’un tombeau orné de guirlandes, d’un gradin décoré de rinceaux et d’un tabernacle à niches abritant les quatre évangélistes et un crucifix ; le retable est encadré par quatre colonnes corinthiennes cannelées, surmonté de reliefs d’angelots et de la Vierge de Pitié du XVe siècle. La tradition locale veut que cet autel renferme le chêne sur lequel se trouvait la statue de la Vierge.
Parmi les autres éléments mobiliers, l’autel latéral droit, installé depuis 1710 et pourvu de colonnes torses jumelées, pourrait provenir de l’église abbatiale de Lucelle ; ses toiles sont attribuées au Suisse Charles Stauder et représentent notamment la préparation du martyre de saint Sébastien et l’apparition de la Vierge remettant le rosaire à saint Dominique, avec sainte Catherine de Sienne. Jusqu’en 1946 le retable nord portait une toile du Christ en Croix, remplacée en 1947 par un saint Nicolas de Flüe peint par Joseph Gasser, puis en 2006 de nouveau par un Christ en Croix. La chapelle conserve aussi des statues, un calvaire, une chaire à prêcher, une clef de voûte du XVe siècle, une dalle funéraire du dernier quart du XVIIe siècle et des lambris datés des XVIIIe et XIXe siècles.
Un orgue Callinet frères, daté de 1843, figure parmi les principaux éléments instrumentaux. Des vitraux réalisés par Kuhn de Bâle datent du dernier quart du XIXe siècle. De nombreux objets, autels, retables, tableaux et sculptures ont été inscrits à l’Inventaire général en 1975. L’édifice fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 26 mars 1986 ; le maître‑autel et le groupe sculpté de la Vierge de Pitié sont classés depuis 2002 et la partie instrumentale de l’orgue fait l’objet d’une protection depuis 1992.
Des travaux de restauration intérieure et extérieure entrepris à partir de 1999 se sont achevés en août 2006 pour les fêtes de l’Assomption ; lors de ces travaux les deux autels latéraux ont été restaurés et une nouvelle toile, réalisée par le Strasbourgeois Claude Bernhart, a été installée sur l’autel gauche.