Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame du Kreisker
La chapelle Notre‑Dame du Kreisker, située à Saint‑Pol‑de‑Léon (Finistère), est un édifice majeur de l'architecture religieuse bretonne, dont la reconstruction débute à la fin du XIVe siècle. Érigée sur le site d'une très ancienne chapelle dédiée à la Vierge, l'église présente un plan partiellement irrégulier, résultat des contraintes imposées par l'ancien bâtiment et de l'adaptation aux remparts de la ville. La façade ouest, la nef, le transept et une partie du chœur datent du dernier quart du XIVe siècle; divers réaménagements et élargissements se poursuivent au XVe siècle, notamment pour asseoir la puissante tour de croisée. Le clocher, massif et élancé, se compose d'une tour carrée ajourée par de longues fenêtres ogivales, surmontée d'une corniche, d'une balustrade et d'une flèche octogonale travaillée à jour, flanquée de clochetons ; sa silhouette faisait figure de repère pour la navigation. À l'intérieur, la tour repose sur quatre piliers formés en faisceaux de petites colonnes ; l'élévation de la tour a conduit à la surélévation et à l'élargissement des collatéraux, ce qui a presque occulté les fenêtres hautes de la nef. Le portail septentrional, richement sculpté en granit, est un chef‑d'œuvre flamboyant attribué au grand atelier ducal ; le porche méridional, plus sobre, présente des éléments déjà tournés vers la Renaissance. Le décor intérieur comptait de très nombreuses chapelles et autels dédiés à divers saints et entretenus par les corporations et confréries locales ; beaucoup de ces aménagements, ainsi que les vitraux armoriés et les cloches, ont été perdus ou mutilés à la Révolution. Utilisée aussi comme lieu de réunion du corps de ville, la chapelle a longtemps rempli une double fonction religieuse et municipale et, à partir du XVIIe siècle, a servi de chapelle au séminaire puis, plus tard, au collège de Léon. L'édifice a souffert à maintes reprises : attaques et incendies au Moyen Âge, dommages dus à la foudre et menaces de ruine aux époques modernes ont exigé plusieurs campagnes de réparations; la flèche a été restaurée en 1807 sur l'ordre de l'Empereur en raison de son rôle d'amer. Classée monument historique dès 1840, la chapelle a été restaurée à diverses reprises, notamment à la fin du XXe siècle, et fait l'objet de la vigilance d'une association locale créée en 1997. L'architecture du Kreisker témoigne d'influences normandes et anglaises, mêlant verticalité gothique et audaces techniques dans l'emploi du granit. L'édifice mesure environ trente‑six mètres de long pour dix‑huit mètres de large et le clocher atteint une hauteur d'environ soixante‑dix‑huit mètres, ce qui en fait l'une des plus hautes tour‑clochers gothiques de Bretagne. À l'extérieur, l'abside rectangulaire et ses grandes baies surmontées d'une rosace trilobée, les gargouilles et la dentelle de pierre de la flèche participent à la qualité plastique du monument. L'intérieur, aujourd'hui relativement dépouillé, conserve cependant un autel baroque de Notre‑Dame, un retable de la Visitation et des éléments sculptés et vitrines modernes, dont un vitrail contemporain inauguré en 2014 et primé en 2015. Enfin, la chapelle reste un repère symbolique et patrimonial de la cité, appréciée pour l'originalité de son plan, l'audace de son clocher et son rôle historique au cœur de la ville.
