Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-du-Salut
La chapelle Notre‑Dame‑du‑Salut se situe à Fécamp, dans le département de la Seine‑Maritime. Elle aurait été fondée au XIe siècle et deux traditions expliquent son origine : selon la première, elle aurait été érigée sur l’ordre du comte Baudouin, compagnon de Rollon, dans les dépendances du fief accordé par le duc de Normandie au lieu‑dit Burgus, qui devint ensuite le Bourg Baudouin et donna à la chapelle son premier nom, Notre‑Dame de Baudouin du Bourg. La seconde tradition rapporte qu’en 1035 Robert le Magnifique, sauvé d’un naufrage, fit le vœu de faire bâtir trois chapelles, aboutissant à la création à Fécamp de Notre‑Dame de Salut, à Honfleur de Notre‑Dame de Grâce et à Caen de Notre‑Dame de la Délivrance. Reconstruite au XIIIe siècle, la chapelle fut intégrée au prieuré de Bourg‑Baudouin et dépendait de l’abbaye de la Sainte‑Trinité de Fécamp ; elle accueillait des pèlerins venus du nord de la France, attirés par le culte du Précieux Sang conservé dans l’abbaye. Lors des guerres de Religion, le site fut fortifié ; les habitants de Fécamp, inquiets, obtinrent en 1615 la démolition de cette forteresse. La chapelle échappa ensuite à la destruction pendant la Révolution française grâce à un décret de l’Assemblée nationale du 6 août 1792 qui justifia sa conservation par son utilité pour les navigateurs. Au XIXe siècle, Notre‑Dame de Salut retrouva sa vocation de lieu de pèlerinage pour les marins et pêcheurs de Fécamp, qui s’y rendaient avant et après leurs campagnes à Terre‑Neuve par la « sente aux matelots », et célébraient en mars la Marchèque, fête populaire du Pays de Caux consacrée à l’Annonciation. Le bâtiment a subi de nombreux dégâts : la nef, fragilisée au XVIIIe siècle, fut définitivement endommagée par un ouragan en 1800, laissant la chapelle à ciel ouvert ; lors de la Seconde Guerre mondiale, les bombardements de 1942 détruisirent le clocher, qui fut reconstruit et couronné d’une statue dorée de la Vierge à l’Enfant offerte en 1902 par un armateur. L’intérieur conserve de nombreux ex‑voto marins — tableaux, objets et témoignages de naufragés — en hommage à la Vierge protectrice, et en 1948 le sculpteur Jacques Touzet exécuta une statue en pierre blanche représentant Marie tenant symboliquement un trois‑mâts. Aujourd’hui encore, la chapelle reste un haut lieu de recueillement où fidèles, visiteurs et descendants de marins allument des cierges et déposent des fleurs ; sa modestie et son enracinement dans la mémoire maritime locale ont été évoqués par Maupassant qui l’a perçue comme une « vieille chapelle toute grise » veillant sur le port de Fécamp.