Origine et histoire de la Chapelle Saint-Éloi
La chapelle Saint‑Éloi est un édifice roman des XIe et XIIe siècles situé à Nassandres‑sur‑Risle (ancienne commune de Fontaine‑la‑Soret), dans le département de l'Eure, en Normandie. Elle se trouve au lieu‑dit Malassis, au sud de la commune, dans la vallée de la Risle, à l'écart du bourg et en bordure d'un bois, à mi‑chemin entre Brionne et Beaumont‑le‑Roger. Consacrée au culte catholique, la chapelle était à l'origine le bâtiment du prieuré Saint‑Lambert de Malassis. Le chœur date du XIIe siècle tandis que l'abside hémicylindrique, construite dans la seconde moitié du XIe siècle, se compose de deux travées. La chapelle est orientée, présente un plan allongé et une toiture à double pente ; sa longueur est d'environ six mètres. L'abside est bâtie en moellons mêlés de briques et recouverte d'un crépi ocre‑rouge primitif ; trois colonnes engagées, aux joints épais, jouent le rôle de contreforts et la corniche qui l'entoure surmonte une voûte en cul‑de‑four. La colonne centrale porte une fenêtre romane décorée d'un sourcil et d'une colonne méplate. La façade nord, en blocage de silex, est renforcée par un contrefort roman et percée d'une petite fenêtre cintrée. La façade sud est épaulée de deux contreforts élevés à la fin du XVe siècle et percée de deux baies en arc brisé ornées de voussures. La façade ouest, à pignon, comporte une porte encadrée par un arc en plein cintre inscrit dans un arc en plein cintre mouluré. Un réservoir carré, accessible par des marches, recueille l'eau d'une source qui jaillit à un mètre de profondeur devant l'entrée. En vis‑à‑vis se dresse une petite construction romane intégrée dans une maison du XVIe siècle. La chapelle dépendit pendant plusieurs siècles de l'abbaye du Bec ; en 1126 Guillaume de Tibouville la donna à l'abbaye avec divers biens, dont son moulin de Malassis, en demandant la fondation d'un prieuré. L'installation des moines fut retardée par la captivité de Guillaume, tenue par le roi Henri Ier Beauclerc, et la remise solennelle des biens à l'abbaye eut lieu en 1139 en présence de l'abbé Thibaut, de son successeur Letard, de plusieurs moines et des seigneurs Guillaume de Bigars et Guillaume de Piencourt. Le vocable de saint Éloi apparaît à partir de 1495 et s'impose progressivement comme titulaire de la chapelle, qui est transformée à la fin du XVIe siècle en léproserie sous le nom de Saint‑Éloi de Nassandres. Après la Révolution française, vers 1794, le prieuré et la chapelle furent vendus comme biens nationaux et, à partir de cette époque, la chapelle devint l'objet d'un pèlerinage local. En 1833 la propriété fut acquise par Amélie Lenormant, née Cyvoct et nièce de Madame Juliette Récamier, épouse de l'archéologue Charles Lenormant ; ce dernier signala la découverte supposée d'un cimetière mérovingien et d'inscriptions en caractères runiques publiées par Edmont Leblant, affaire qui se révéla être une supercherie imputée au jeune François Lenormant. La chapelle et le domaine qui l'entourent forment aujourd'hui une propriété privée. Le mobilier conservé comprend une Vierge à l'Enfant en pierre du XIVe siècle et une statue en bois de saint Lambert du XVIe siècle. L'édifice est inscrit au titre des Monuments historiques depuis le 26 octobre 1936. À proximité se trouvent le manoir Saint‑Lambert de Malassis et des vestiges du prieuré.