Chapelle Saint-Germain de Querqueville à Querqueville dans la Manche

Patrimoine classé Patrimoine religieux Chapelle romane

Chapelle Saint-Germain de Querqueville

  • 2-12 Rue de l'Église
  • 50460 Cherbourg-en-Cotentin
Chapelle Saint-Germain de Querqueville
Chapelle Saint-Germain de Querqueville
Chapelle Saint-Germain de Querqueville
Chapelle Saint-Germain de Querqueville
Crédit photo : DirkvdE - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Patrimoine classé

Chapelle Saint-Germain : classement par avis de classement du 21 janvier 1850 et par liste de 1862

Origine et histoire de la Chapelle Saint-Germain

La chapelle Saint-Germain de Querqueville est un petit édifice catholique préromane situé sur la côte nord du Cotentin, près de Cherbourg, dans la commune déléguée de Querqueville (Cherbourg-en-Cotentin), département de la Manche, en Normandie. Érigée en hauteur au milieu des tombes formant un enclos paroissial, elle se trouve à 48 mètres d'altitude et à environ 600 mètres du rivage, offrant une vue panoramique de 180° de la rade de Cherbourg à Omonville‑la‑Rogue. Le nom de Querqueville dérive de Kerkevilla, issu du norrois kirkja « église » et du terme ville, signifiant le domaine de l'église. Considérée comme le plus ancien édifice religieux du département, la chapelle est classée au titre des monuments historiques.

Les fouilles réalisées entre 1975 et 1977 ont montré que la chapelle actuelle, construite entre le IXe et le XIe siècle et placée sous le patronage de Germain le Scot, est édifiée sur les vestiges d'une première église paléochrétienne. L'archéologie atteste, dans le diocèse de Coutances, trois fondations paléochrétiennes contemporaines — Saint‑Pair‑sur‑Mer, Portbail et Saint‑Germain de Querqueville — et révèle l'ancienneté du cimetière, dont certaines tombes sont d'époque paléochrétienne. La construction préromane, avec l'ajout des trois absides, s'est partiellement appuyée sur ce cimetière ; des sarcophages anciens ont été retrouvés dans la croisée, le transept et le chœur, en dehors de l'édifice primitif.

La tour‑clocher carrée qui domine la croisée est hétérogène : sa base en opus spicatum date de la construction des absides, la partie moyenne est coiffée intérieurement par une coupole dont le sommet se situe à onze mètres, et la partie supérieure, caractérisée par un appareillage d'angle et des bandes encadrant de hautes baies aveugles, correspond à des travaux du XVIIe siècle. Cette tour, décidée en 1615 et construite en 1655 pour abriter les cloches de l'église paroissiale Notre‑Dame, chemise un clocher ancien, bien préservé à l'intérieur, qui devait aussi servir d'amer pour les navigateurs. Des moules de cloche datés du XVIIe siècle ont été mis au jour lors des fouilles dans la nef et à l'entrée du transept, et des traces d'incendie ont été observées sans qu'il soit possible de les dater précisément.

La chapelle, strictement orientée, est de petite taille (13 × 11 mètres, 3,50 mètres de hauteur sous voûtes) et présente un plan tréflé relativement rare, datant des environs de l'an Mil. Construite en schiste, elle comprend une courte nef rectangulaire lambrissée et, à l'est, un ensemble trilobé de trois absides semi‑circulaires voûtées ; deux de ces absides forment les bras du transept et celle du milieu constitue le chevet. La croisée carrée est soutenue par quatre piles parallélépipédiques séparées de l'arc qu'elles portent par un simple taloir sans chapiteau ; la plupart des consoles utilisent un calcaire coquillier local appelé « tuf de Sainteny », issu de la réutilisation de fragments de sarcophages et témoignant de la présence d'une nécropole du haut Moyen Âge sur le site.

Les murs, d'environ 70 cm d'épaisseur, sont constitués de plaquettes de schiste disposées horizontalement pour la nef et en opus spicatum pour les absides. Le sol de la nef se situe 90 cm en dessous du seuil occidental actuel et l'accès se fait par quelques marches ; l'édifice est éclairé par quatre fenêtres ogivales plus récentes. Un narthex existait contre la façade occidentale au XVIe siècle, et des fondations romanes ont été mises au jour lors des fouilles de 1976–1977. À la croisée du transept se voit la dalle funéraire, protégée au titre des objets, de messire Pierre‑Augustin Barbou (1720‑1753), seigneur et patron du lieu.

Les fouilles ont restitué presque intégralement le contour de l'église mérovingienne : murs en petits blocs d'arkose liés au mortier de chaux, d'environ 50 cm d'épaisseur, dessinant une nef quadrangulaire de 7 × 4,5 m prolongée à l'est par un chœur plus étroit à chevet plat retrouvé dans la croisée du transept. L'ensemble, de plan basilical simple et d'une longueur totale proche de 10 m, suggère un édifice léger, peut‑être partiellement en bois, comparable à d'autres églises du haut Moyen Âge. Le Livre Noir de la cathédrale de Coutances rapporte que l'évêque Robert, de retour en 1024, y trouva un édifice grossier et fragile.

Parmi les découvertes, de nombreuses sépultures et sarcophages ont été dégagés ; six sarcophages antérieurs à l'édifice roman, en calcaire coquillier, avaient leurs couvercles retirés et réemployés vers l'an Mil dans la chapelle triconque qui succéda à l'édifice antérieur. Six monnaies, du XIe siècle à la Révolution, ont été retrouvées — parmi elles une obole du comté de Penthièvre au nom d'Étienne Ier et un denier normand du XIe siècle frappé à Rouen — ainsi que une lame de couteau de type mérovingien et un manche en os gravé. En 1847, une pierre tumulaire portant une longue croix et l'inscription partielle « JUUSQUH » a été découverte par Léopold Delisle.

Le décor et le mobilier comportent des éléments peints en partie visibles sous un enduit ancien (trois personnages sur le mur sud du chœur et un faux appareil centré sur une fleur à cinq pétales), des statues polychromes provenant d'autres sanctuaires (saint Clair en bois du XVIIIe siècle et saint Hélier en pierre polychrome du XVe siècle) ainsi qu'un crucifix en bois polychrome du XVIe siècle accroché au mur nord de la nef. Lors des fouilles des années 1970, la nef, le carré du transept et une partie du chœur étaient dallés, tandis que le sol des croisillons restait en terre battue.

La chapelle Saint‑Germain bénéficie d'une protection officielle, classée par avis de classement de 1850 et par la liste de 1862.

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