Origine et histoire de la Chapelle Saint-Gonéry
La chapelle Saint-Gonéry se situe à Plougrescant, dans les Côtes-d'Armor. Elle comprend un clocher-porche à deux étages, une nef unique et un chœur à chevet plat formant un tau. Le noyau le plus ancien est un oratoire probablement édifié au XIIe siècle, profondément remanié par la suite. La partie ouest conserve un clocher-porche roman massif, coiffé d'un toit en bâtière et élevé en maçonnerie à joints gras ; dans le mur ouest s'ouvre une porte en arc de plein cintre à claveaux non taillés. Des transformations postérieures sont visibles, comme des baies rebouchées, une fenêtre géminée gothique à l'étage côté sud et une tourelle d'escalier circulaire à l'angle sud‑est. Au XVe siècle, à la suite de l'essor du pèlerinage, l'édifice fut prolongé vers l'ouest par une nef et un chœur lambrissés ; l'ancienne chapelle fut alors transformée en clocher-porche et l'on perça de nouvelles baies en annexant une tourelle desservant l'étage destiné aux archives et reliques. À la fin du XVe siècle, les lambris de la nef furent entièrement décorés de peintures : chaque versant de la voûte est divisé en deux registres représentant en haut des scènes de l'Ancien Testament (Création) et en bas des scènes du Nouveau Testament (Nativité, Passion). Le plafond voûté comporte notamment l'Adoration des Mages, la Fuite en Égypte avec l'enfant et sa mère, ainsi que la Cène, avec un détail représentant Judas Iscariote accompagné d'un diable. En 1599 fut élevé le tombeau de Guillaume du Halgouët, évêque de Tréguier originaire de Plougrescant, placé à la limite du chœur et de la chapelle nord, l'évêque s'engageant alors à réparer un pignon menacé. En 1612 on ajouta sur le toit du clocher-porche une flèche en plomb dont la base, insuffisamment solide, s'est penchée d'un côté tandis que la flèche s'est inclinée de l'autre ; malgré des travaux de consolidation elle a conservé cette silhouette particulière. En 1614 fut encore élevé un nouveau tombeau à Saint Gonéry dans la tour-porche, face à un ancien sarcophage mérovingien. Aux XVIe et XVIIe siècles, la chapelle était entourée d'un placître comprenant un enclos, une porte triomphale, une fontaine sacrée et une chaire extérieure ; l'entrée nord-ouest date de 1780. La partie gothique est éclairée au sud et à l'est par des baies flamboyantes à remplage, le mur nord restant aveugle ; la tour communique avec la nef par un arc brisé et la nef est séparée du chœur par un arc brisé dont les deux voussures se fondent directement dans les piliers latéraux. La chapelle possède de belles sablières sculptées à engoulants, probablement du début du XVIe siècle, et dans l'enclos paroissial subsiste une chaire extérieure. Deux fragments de vitraux des XVe ou XVIe siècles représentant la Vierge et saint Jean se trouvent dans une baie proche de l'entrée. Le mobilier et le décor comprennent les lambris peints de la nef, le vitrail représentant la Vierge et saint Jean, le tombeau de Guillaume de Halgouët (1599), une statue de la Vierge, la porte ornée de trois saints (Tugdual, Yves et Gonéry), un bahut et un reliquaire ; plusieurs de ces éléments sont protégés au titre des monuments historiques (certains classés depuis 1908, le reliquaire depuis 1948). La chapelle est classée au titre des monuments historiques depuis le 19 janvier 1911 et le cimetière adjacent depuis le 11 juillet 1942.
