Origine et histoire de la Chapelle Saint-Jean-Baptiste de Lantierne
La chapelle Saint-Jean-Baptiste se situe au lieu-dit Lantiern, à Arzal (Morbihan). D'origine romane, l'édifice présente un plan en T composé d'une nef, d'un transept et d'un bas-côté unique au nord ; le transept sud s'aligne sur le chevet tandis que le transept nord est en retrait et la sacristie occupe l'angle nord‑est. Le bas-côté comporte des arcades de plein cintre, deux ouvrant sur la nef et deux dans le sens transversal ; la travée résultante se prolonge en tour surmontée d'un clocher à base conique se terminant en pyramide. À l'ouest, le portail en arc brisé est encadré de contreforts et surmonté d'une archivolte ; le pignon occidental est percé d'une fenêtre trilobée d'inspiration XIVe siècle. Le clocher, situé au-dessus du bas-côté nord et contigu à la chapelle septentrionale, porte la date 1629 sur un liteau du pignon. À l'intérieur, la nef est dissymétrique : au nord, quatre arcades de plein cintre à simple rouleau retombent sur impostes et une pile quadrangulaire ; au sud, un mur percé de fenêtres et deux arcades ouvrent sur la chapelle sud. Les travées du bas-côté communiquent entre elles et avec la chapelle nord, où deux arcades brisées à voussures multiples sont portées par un pilier octogonal daté de 1612 et éclairées par une baie flamboyante. La base de ce pilier porte, à l'est, un chapiteau armorié et, au sud, un bas‑relief représentant une femme en costume médiéval. Le chœur a été profondément remanié au XVIIe siècle, comme l'attestent le traitement des niches encadrant la maîtresse-vitre et plusieurs inscriptions datées issues de travaux de la période (on relève 1612 et 1629, parfois lu 1627). La chapelle possédait sept autels, vraisemblablement d'origine XIIIe siècle ; l'un d'eux est constitué d'une dalle reposant sur deux piliers polygonaux. Les vitraux contemporains sont l'œuvre de Michel Gigon. À l'extérieur, le chevet est accompagné d'une croix monolithe portant un christ sculpté daté du XIVe siècle. Parmi les objets protégés figurent un ciboire chrismatoire, une croix de procession de la fin du XVIIe siècle et un calice du XVIIIe siècle, inscrits à l'inventaire des monuments historiques.
L'histoire religieuse et ecclésiastique de la chapelle est bien documentée : Lantiern est cité en 1182 dans une charte ducale au profit de l'Ordre du Temple, puis, à la dissolution de l'Ordre, la chapelle passe aux Hospitaliers en 1312. Elle subit des remaniements aux XIVe et XVe siècles, puis des transformations importantes aux XVIe et XVIIe siècles ; en 1574, la chapelle est annexée à l'hôpital de Malansac lié à la commanderie de Carentoir, le commandeur percevant le tiers des oblations et aumônes. La chapelle abritait un reliquaire en forme de croix renfermant un fragment prétendu de la Vraie Croix, objet de processions et de pèlerinages ; le pape Paul V accorda des indulgences à cette relique en 1607, mais la relique et son reliquaire disparaissent pendant la Révolution. Des témoignages de la première moitié du XVIIe siècle et des visiteurs postérieurs signalent la richesse de l'édifice, la présence d'objets précieux et la venue en procession des moines de l'abbaye de Prières pour vénérer la relique. La tribune en bois à l'entrée de la nef a remplacé une installation plus ancienne et semble remonter au XVIIIe siècle. La chapelle est classée au titre des monuments historiques depuis le 16 juin 1964.