Origine et histoire de la Chapelle Saint-Jean
La chapelle Saint-Jean est une ancienne chapelle catholique de style roman, désaffectée depuis le XVIe siècle et située à Argenteuil (Val-d'Oise). Le site est occupé depuis le haut Moyen Âge : des fouilles menées en 1942 ont mis au jour, au sud de l'édifice, trois rangées de sépultures maçonnées datées du VIIIe ou du IXe siècle. L'édifice primitif devait se trouver dans l'enclos de l'abbaye bénédictine originelle, et la chapelle actuelle, fondée en 1003 lors de la reconstruction de l'abbaye Notre-Dame d'Argenteuil, figure parmi les plus anciens exemples d'architecture romane en Île-de-France. Son rôle exact reste incertain : ce n'est pas un baptistère, et l'hypothèse d'une chapelle sépulcrale paraît vraisemblable. Au XVIe siècle, les moines la cédèrent à un vigneron laïc qui s'en servit comme cellier, ce qui lui permit d'échapper, en 1790, à la vente comme bien national et à la destruction du reste de l'abbaye. En 1859 elle était encore utilisée comme cellier à cuves par Henri Boucher, propriétaire de la cour qui entoure l'édifice. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 17 août 1945, la chapelle a fait l'objet de nouvelles fouilles en 1948. Rachetée par la ville dans les années 1970 lors de la démolition d'un îlot insalubre, elle a été restaurée à partir de 1984 ; une opération de remise en valeur engagée en 2012 a recomposé ses abords et sécurisé un accès extérieur menaçant ruine.
Implantée à l'angle de la rue Notre-Dame et de la rue du 8-Mai-1945, la chapelle est un bâtiment rectangulaire orienté et organisé en deux niveaux. La chapelle basse comporte trois vaisseaux de deux travées chacun, soit six travées au total, voûtées en arêtes et séparées par des arcs-doubleaux en plein cintre à arêtes vives. Ces arcs retombent sur deux piliers cylindriques isolés au centre et sur des piliers carrés engagés contre les murs latéraux ; tous les supports portent des tailloirs profilés composés d'une tablette et d'un cavet peu profond entre deux faibles ressauts. Le pilier isolé côté nord présente un chapiteau d'inspiration dorique et un appareillage en tambour, tandis que le pilier isolé côté sud porte un second tailloir octogonal, profilé d'une plate-bande et d'un chanfrein, et un appareillage moins régulier ; les deux sont pourvus de bases moulurées formées d'un tore, d'une scotie et d'un grand tore. Ni les voûtes ni les supports ne relèvent d'une facture strictement romane, et le chapiteau dorique évoque plutôt une période classique. Le vaisseau central s'achève par une absidiole en cul-de-four reconstituée lors des travaux des années 1980. L'éclairage provient de très petites fenêtres en plein cintre fortement évasées : deux à l'ouest, une au nord, une au sud et trois à l'est — dont une éclaire l'absidiole — les ébrasements se limitant aux piédroits et à l'archivolte ; la fenêtre du chevet du vaisseau nord est aujourd'hui rectangulaire. À l'extérieur, plusieurs baies présentent des linteaux monolithiques à claveaux simulés. La chapelle haute, moins remarquable, est accessible par un escalier extérieur côté nord et couverte d'un plafond de bois.
Parmi le mobilier figure une plaque funéraire dédiée à un diacre maître de chœur. La chapelle est liée à l'abbaye Notre-Dame d'Argenteuil et figure sur la liste des monuments historiques du Val-d'Oise ; des ressources et illustrations sont disponibles sur des portails spécialisés et sur Wikimedia Commons.