Origine et histoire de la Chapelle Saint-Louis
La chapelle Saint‑Louis, dite chapelle Henri‑IV, a été construite à Poitiers par l'ordre des Jésuites entre 1608 et 1613 et est rattachée au collège fondé par ces religieux après leur arrivée en 1604. À cause de la forte déclivité du terrain, l'édifice n'est pas orienté selon les règles liturgiques : le chœur se situe au sud. De plan rectangulaire, la chapelle présente une nef unique flanquée de deux tours à l'extrémité sud et une façade sur rue restée inachevée. À l'intérieur, les voûtes sont en ogive dans la tradition gothique, tandis que les pilastres portent des chapiteaux ioniques. Les murs latéraux sont percés de petites chapelles peu profondes.
La chapelle conserve un retable baroque en pierre sculptée, intégré au bâti et offert vers 1615 par Charlotte Flandrine de Nassau, abbesse de l'abbaye Sainte‑Croix de Poitiers et fille de Guillaume le Taciturne. Ce retable abrite un grand tableau de Louis Finson représentant la Circoncision du Christ, dont une réplique se trouve dans l'église Saint‑Nicolas‑des‑Champs à Paris. Il comprend en outre des statues de l'atelier de Gervais de la Barre représentant les quatre évangélistes et une Pietà. Dans le chœur se trouvent aussi des peintures anonymes illustrant des épisodes de la vie de saint Louis, où le souverain porte les traits de Louis XIII et du jeune Louis XIV. En 1673‑1674, les Jésuites ajoutèrent une petite tribune contre le mur nord, décorée de bas‑reliefs figurant les vertus cardinales et théologales ; faute d'un nombre pair d'écoinçons, seules six vertus y sont représentées. En 1698, ils placèrent un imposant tabernacle de style Boulle qui masque en grande partie le tableau de Finson.
Pendant la Révolution, la chapelle, utilisée comme lieu de réunion, fut dépouillée d'une grande partie de ses boiseries. Dans les années 1840, la chapelle et le retable furent repeints, ce qui leur donne l'aspect actuel ; le retable, à l'origine peint en faux marbre et orné de motifs floraux et de grotesques, a été recouvert d'un badigeon gris. Seules les deux petites portes latérales ont conservé la polychromie caractéristique du début du XVIIe siècle, et les murs étaient autrefois ornés de motifs baroques peints.
La sacristie, entreprise en 1664, conserve ses boiseries en noyer d'origine et des peintures représentant des scènes du Nouveau Testament. Sculptures et tableaux de la sacristie ont été réalisés par les Jésuites eux‑mêmes, parmi lesquels figurent des représentations de saint Ignace de Loyola et de saint François‑Xavier. Un autre tableau des Jésuites, représentant saint François Régis, est aujourd'hui conservé dans l'église Saint‑Jean de Montierneuf.
Les bâtiments du collège, élevés au cours du même siècle, présentent une façade principale sur cour dominée par un élégant pavillon central daté de 1654, œuvre d'Étienne Segrétain, orné d'une travée sculptée et coiffé d'un toit en ardoise à lanternon. Cette façade porte des bustes d'Henri IV et de Louis XIV ajoutés au XIXe siècle, tandis que le reste des bâtiments se distingue par un style sobre et fonctionnel, marqué seulement par des chaînages d'angle. La chapelle, le retable et le pavillon central ont été classés au titre des monuments historiques en 1908.
