Origine et histoire de la Chapelle Saint-Loup
La chapelle Saint-Loup est un édifice religieux de style roman, situé rue du Prieuré à Saint-Loubès, en Gironde. Elle constitue le seul vestige visible d’un prieuré dépendant de l’abbaye de La Sauve-Majeure, mentionné dès 1097 dans le Grand Cartulaire et sans doute fondé à la fin du XIe siècle. Le système de construction en petits moellons cubiques, peut-être réemployés, invite à envisager une origine plus ancienne, éventuellement carolingienne. Bien que qualifiée de romane et parfois datée du XIIe siècle, la chapelle actuelle a été largement réédifiée au milieu du XIIIe siècle sous l’autorité de Bertrand de Saint-Loubès, qui engagea des travaux de voûtement et de reconstruction du chevet. Le plan est barlong ; la travée de chœur conserve une voûte d’ogives quadripartite et des colonnettes reposant sur des chapiteaux à motifs végétaux, la clé de voûte étant ornée d’une main bénissant. Un arc brisé sépare la nef du chœur ; des arcs brisés et de nouveaux contreforts renforcent les murs de la nef. Des fragments de peinture monumentale datés du XIVe siècle subsistent sur deux segments de la voûte du chœur, représentant notamment des archivoltes à rinceau, des figures humaines dont Adam et Ève, et des scènes orantes; ces vestiges ont fait l’objet d’un travail de conservation préparatoire réalisé par Alix Barbet. Dans le mur nord du chœur se trouve une grande niche dont la fonction exacte demeure incertaine : tabernacle, ouverture vers les bâtiments conventuels ou dispositif pour les pèlerins n’ayant pu entrer dans l’église pleine. Le mur nord porte également des corbeaux, traces des constructions conventuelles jadis adossées à l’église. À l’intérieur, trois sarcophages ont été découverts après des fouilles sauvages en 1990 ; deux d’entre eux restent en place le long de la nef et pourraient provenir d’un site gallo-romain local. Après une longue période de déclin — l’établissement périclita à la fin du XIIIe siècle et l’abbaye ne put terminer tous les travaux — la chapelle est signalée en mauvais état dès 1610. Elle perdit sa vocation religieuse à la Révolution et le prieuré fut vendu comme bien national, transformé ensuite en chai et cuvier, puis modifié au XIXe siècle avec des subdivisions intérieures et une porte percée dans le chevet. La commune a acquis l’édifice en 1980 ; la restauration engagée a abouti à une inauguration en 2000, la chapelle ayant été inscrite au titre des monuments historiques en 1992. Depuis 1996, le lieu accueille également des activités artistiques. Les vitraux contemporains sont l’œuvre du maître-verrier Bernard Fournier et reprennent des images en lien avec l’histoire du lieu, comme la représentation d’une bougie consumée dont la flamme se prolonge. Architectoniquement, la chapelle se présente comme un simple vaisseau rectangulaire scandé de contreforts et terminé par un chevet plat ; seule la travée de chœur conserve sa voûte d’origine et les éléments décoratifs qui en témoignent.