Origine et histoire de la Chapelle Saint-Maurice
Dominant l’enclos du cimetière et surplombée par l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, la chapelle Saint-Maurice de Jougne est dédiée à Maurice d’Agaune. Elle rappelle l’existence d’un prieuré bâti par les bénédictins de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune, fondée dans le Valais sur le lieu du martyre de saint Maurice, et entretenait des liens de confraternité avec les abbayes de Saint-Bénigne de Dijon et de Saint-Marcel de Chalon. Le prieuré formait une halte sur l’itinéraire monastique entre le Valais et la Bourgogne pour les moines franchissant le Jura par le col de Jougne ; les échanges portaient notamment sur quelques produits agricoles et le sel provenant des salines de Salins. Un document de 1199 mentionne un chapelain à Jougne et indique que l’église prieurale assurait alors le service paroissial avant la construction de l’église paroissiale en 1663. La datation de l’édifice est discutée : la crypte a été attribuée au IXe siècle tandis que certains auteurs, dont Géraldine Mélot, plaident pour une construction de l’ensemble avec crypte au milieu du XIIe siècle. Bâtie à flanc de coteau sur un axe nord-sud, la chapelle possédait à l’origine une abside à trois pans coupés, visible sur un plan de 1595 déposé au château d’Arlay, forme répandue en Franche-Comté au XIIe siècle. À la suite de glissements de terrain, l’abside a disparu et le pignon sud a été refermé par un mur percé de trois petites baies ; ces mouvements ont aussi conduit, au XIXe siècle, au renforcement des contreforts romans de la façade ouest et à la construction de contreforts sur la façade orientale, conférant à l’ensemble une silhouette trapue. L’intérieur présente une nef unique en quatre travées, y compris le chœur légèrement surélevé, et des chapiteaux sculptés portant des motifs de personnages ou de végétaux. La crypte romane, de dimensions modestes, a probablement été un lieu de culte dédié à saint Maurice ; ses reliques se trouvent aujourd’hui dans l’église paroissiale de Jougne. La chapelle est classée au titre des monuments historiques depuis le 30 avril 1930. Le cimetière attenant est mentionné au cadastre de 1839 et a été agrandi en 1866 sur des plans de l’architecte L. Girod, de Pontarlier ; il conserve quelques tombes anciennes ornées d’attributs professionnels, notamment ceux d’un ecclésiastique, d’un artilleur ou d’un franc-maçon. Le maître-autel, comprenant gradins et tabernacle, est classé au titre des objets monumentaux depuis le 23 octobre 1989. Située au pied du bourg, à mi-chemin du lieu-dit « le Moulin » et proche de la Jougnena, la chapelle Saint-Maurice reste l’un des exemples remarquables de l’architecture romane en Franche-Comté.