Origine et histoire de la Chapelle Saint-Nazaire
La chapelle Saint-Nazaire, anciennement appelée église Saint-Nazaire d'Auberte, est une chapelle pré-romane située à Roujan, dans le département de l'Hérault en région Occitanie. Elle se trouve à 1,5 km au sud-est du village, isolée au milieu des champs et des vignes le long du chemin des Abournières, non loin de la route départementale D125 menant à Alignan-du-Vent. La construction de l'édifice remonte aux IXe et Xe siècles; la première mention écrite date de 1086, et la chapelle apparaît sous plusieurs variantes de nom au fil des siècles. Classée monument historique depuis le 9 juillet 1981, elle est un témoin de l'architecture préromane de tradition wisigothique en Septimanie, au même titre que les chapelles Saint-Martin-de-Fenollar, Saint-Jérôme d'Argelès, Saint-Michel de Sournia, Saint-Georges de Lunas, Saint-Laurent de Moussan et Saint-Pierre de Léneyrac à Ceyras. Selon la tradition locale, elle aurait desservi le hameau disparu de Saint-Geniès.
Le plan est typique : une nef unique rectangulaire prolongée à l'est par un chœur carré, caractéristique des "églises rustiques" de tradition wisigothique et du type dit « à chœur fermé », où l'ouverture de l'arc triomphal est rétrécie par un massif de maçonnerie assurant sa retombée. La nef, primitivement couverte d'une charpente, a été pourvue ultérieurement d'une voûte en berceau plein cintre, probablement au XVIIe siècle. La chapelle a conservé dans son ensemble son caractère pré-romain, à l'exception de la charpente.
À l'extérieur, le chevet plat, plus étroit que la nef, est construit en moellons recouverts de tuiles, avec chaînages d'angle et corniche en blocs de pierre de taille ; il comporte au sud une baie aux piédroits harpés et à l'arc monolithe. La façade méridionale, en moellons mais partiellement enduite, laisse entrevoir une meurtrière à arc monolithe à droite du portail. Le portail roman, ajout postérieur aux XIIe-XIIIe siècles, présente des piédroits en gros blocs de pierre de taille, des impostes supportant un linteau, une voussure dont les claveaux sont plus étroits à la base qu'au sommet, et un arc extérieur en pierres posées sur chant ; cet ensemble est protégé par un auvent saillant reposant sur un arc outrepassé et deux colonnes à chapiteaux évasés, éléments qui témoignent d'une influence wisigothique transmise par la tradition préromane. La partie gauche de la façade méridionale a été remaniée et comporte un escalier menant à une porte. La façade occidentale, fortement altérée et entièrement enduite, s'ouvre sur une porte rectangulaire encadrée de pierre et une petite meurtrière.
À l'intérieur, l'arc triomphal outrepassé, de type pré-carolingien, confirme le caractère préroman de l'édifice tandis que la décoration des impostes évoque l'emploi d'une formule décorative plus ancienne. L'état de conservation est préoccupant : des pierres sont tombées au sol et la voûte du chœur, soutenue par un étai de maçon, menace de s'effondrer.