Origine et histoire de la Chapelle Saint-Nicolas d'Harambels
La chapelle Saint-Nicolas d'Harambeltz se situe au lieu-dit Harambeltz à Ostabat-Asme, à la convergence des grandes voies de pèlerinage menant à Saint-Jacques-de-Compostelle (Vézelay, Le Puy et la voie de Tours) et figure aujourd'hui sur le tracé du GR65, inscrit par l'UNESCO entre Aroue et Ostabat. Harambeltz apparaît sous diverses formes (Harambels, Aranbels, Arambels, Farambels, Harembels, Harambela) ; en basque, le toponyme signifie littéralement « vallée noire ». Le prieuré-hôpital qui occupait le site est cité dès 1059 dans le testament de Loup‑Eneco et l'hôpital est désigné Hospitale Sancti Nicolai de Arambels dans un texte de 1106 ; des mentions datées des années 1106, 1201 et 1381 confirment son activité au Moyen Âge, ce qui fait présumer une fondation au XIe siècle. La chapelle elle‑même paraît postérieure : elle aurait été créée à la fin du XIIe siècle ou au XIIIe siècle et était adossée à l'hôpital, formant un prieuré-hôpital indépendant de toute confrérie, géré par quatre donats qui élisaient leur prieur. Les noms des donats — Sala, Etxeberria, Borda et Etxeto — ont perduré et quatre maisons voisines conservent encore ces appellations. Aucun vestige de l'hôpital ni du logis prieural ne subsiste ; l'ancien emplacement est toutefois signalé par le lieu‑dit Ospitalea sur le cadastre ancien et par un dessin d'Odilon Redon de 1866 qui montre la partie hospitalière. La carte de Cassini indique que le secteur hospitalier était déjà en ruine avant 1756, signe de la déliquescence progressive du système des donats. Par lettres patentes données par Louis XVI en 1784, l'hôpital fut rattaché à celui de Saint‑Palais et, à la Révolution, l'ensemble devint bien national puis fut racheté en indivision en 1795 par des familles liées aux anciens donats (Arnaud Etcheverry, Arnaud Etchetoa, Jean Salla et Jacques Borda); les propriétaires actuels de ces maisons sont copropriétaires de la chapelle. Le prieur, personnalité locale, exerçait une autorité sur des paroisses voisines et représentait le prieuré aux États de Navarre ; le dernier prieur connu, Jacques de Borda, était titulaire des paroisses d'Uhart‑Mixe et d'Arhansus ; il est inhumé dans la chapelle, sa dalle funéraire portant la date 1760. L'édifice roman a été restauré à plusieurs reprises ; la couverture a été refaite en 1960 et l'ensemble, y compris les décors intérieurs, a bénéficié d'une restauration de 2008 à 2010. La chapelle a fait l'objet de protections successives aux monuments historiques (inscriptions en 1944 et 1987, remplacées par un décret de classement en 2001).
Sur le plan architectural, la chapelle est une simple salle rectangulaire à vaisseau unique et chevet plat, longue d'environ treize mètres pour huit à neuf mètres de large, avec des murs épais d'environ 1,10 m. La toiture est à longs pans et pignon ; la partie basse du mur sud‑est révèle l'existence d'un édifice antérieur. Certaines baies originelles ont été élargies au XIXe siècle. La sacristie, datée du XVIIIe siècle, est couverte d'un toit en croupe ; le porche, qui comporte deux niveaux dont un étage d'habitation, a un aspect actuellement attribué au XIXe siècle. Au nord‑ouest, le clocher trinitaire présente deux baies campanaires et une chambre des cloches en bois coiffée d'un petit toit en appentis récent. La porte en plein cintre, à double voussure et précédée de quatre marches en calcaire lité, est surmontée d'un tympan roman sculpté d'un chrisme, d'une croix de Malte et d'une étoile à cinq branches ; le pied‑droit gauche porte une tête sculptée probablement réemployée d'un édifice antérieur. À l'intérieur, le décor, homogène, date essentiellement du XVIIe siècle et comprend une tribune à balustres, une voûte lambrissée peinte avec les représentations des évangélistes et un grand retable monumental figurant saint Nicolas de Bari. Le cimetière conserve également des tombes anciennes.