Chapelle Saint-Nicolas de Plufur en Côtes-d'Armor

Patrimoine classé Clocher de style Beaumanoir Chapelle gothique Clocher de style Beaumanoir

Chapelle Saint-Nicolas de Plufur

  • D32
  • 22310 Plufur
Chapelle Saint-Nicolas de Plufur
Chapelle Saint-Nicolas de Plufur
Chapelle Saint-Nicolas de Plufur
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Chapelle Saint-Nicolas de Plufur
Chapelle Saint-Nicolas de Plufur
Crédit photo : Crepi22 - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XVe siècle

Patrimoine classé

Chapelle Saint-Nicolas (cad. E 527) : classement par arrêté du 11 mars 1911

Origine et histoire de la Chapelle Saint-Nicolas

La chapelle Saint-Nicolas, située à Plufur dans les Côtes-d'Armor, est un lieu de culte catholique construit en 1499 et considéré comme l'archétype du style Beaumanoir. Une inscription en breton, composée de caractères du XVe siècle, court sous le bandeau de la façade principale, au-dessus de l'entrée. Cette inscription, relevée et corrigée à plusieurs reprises depuis le XIXe siècle, mentionne Vincent de Plusquellec de Boncueur de Bruil, René Leros et Philippe Beaumanoir, ce qui a suscité un débat sur la paternité de l'œuvre : certains auteurs attribuent la chapelle à Beaumanoir, d'autres estiment que la réalisation est au moins partagée entre Beaumanoir et Plusquellec. Michèle Boccard note que, quelle que soit l'issue du débat, les solutions formelles employées dans cet édifice vont faire école.

La chapelle a fait l'objet d'une restauration en 1914, puis a été partiellement laissée à l'abandon ; au milieu des années 1960 les statues ont été mises à l'abri. À partir des années 1970, l'Association des amis de la chapelle Saint-Nicolas, avec l'aide d'un étudiant en architecture, a entrepris des travaux sur la charpente, la toiture et les murs. La commune, propriétaire de l'édifice, a ensuite repris les travaux : le clocher a été consolidé en 1999, trois nouvelles portes ont été posées en janvier 2010 et des vitraux d'après des croquis d'Hubert de Sainte-Marie ont été mis en place en 2012, la balustrade du clocher restant à remonter.

Orientée liturgiquement d'est en ouest et en forme de croix latine, la chapelle se compose d'un clocher-mur à l'ouest, d'une nef à un seul vaisseau, d'un transept, d'un chœur et d'une abside à trois pans percés chacun d'une fenêtre. À l'intérieur la nef mesure 9 m de long sur 6,30 m de large, le transept 10,60 m sur 4 m et le chœur a une profondeur de 6,70 m. Une petite sacristie basse, en appentis de pierre de taille, s'appuie à l'extérieur dans l'angle entre le croisillon sud et le chœur.

L'extérieur illustre deux traits caractéristiques du style Beaumanoir : un clocher-mur élancé et un chevet à trois pans, percés de fenêtres surmontées de hauts gables, avec une couverture à noues multiples. Le mur ouest, épais d'environ 1,20 à 1,30 m, est raid i par quatre contreforts — deux à l'avant et deux à l'arrière — qui s'élèvent au-delà du faîtage de la nef. Cette composition forme une masse centrale en H écrasé dont la section assure la stabilité nécessaire à l'élévation d'un clocher-mur élevé. Une plate-forme en pierre, portée par les contreforts et des assises en encorbellement, se trouve à grande hauteur : à 2,70 m au-dessus du faîtage de la nef et à 14,20 m du sol. Elle supporte un beffroi léger à deux baies jumelles surmontées d'une troisième plus petite, des arcs-boutants et de petits pinacles, ainsi qu'une flèche octogonale ; l'ensemble culmine à 14,60 m au-dessus du faîtage, soit 26,10 m au-dessus du sol, et une tourelle d'escalier permet d'accéder à la plate-forme.

Le chevet polygonal à trois pans présente la nouveauté, pour la Bretagne, de hauts gables au-dessus de chaque fenêtre ; la couverture est formée de trois petits toits séparés par des noues qui se raccordent au faîtage du chœur, d'où l'expression de chevet à noues multiples.

L'ornementation extérieure s'intègre étroitement à l'architecture et préfigure les caractéristiques du style Beaumanoir : chimères décoratives ou fonctionnant comme gargouilles se trouvent aux angles de la table du clocher, du beffroi, de la nef, des croisillons et du chevet, tandis que d'autres sculptures animent l'édifice sans en surcharger la lisibilité. Yves-Pascal Castel et Christian Millet soulignent la qualité de ces gargouilles, où se manifeste « la verve du tailleur de pierre » et « un sens juste de la composition ». La balustrade à mouchettes flamboyantes, aujourd'hui détruite, doit être restaurée ; les arêtes de la flèche et les gables sont ornés de crochets, les fenêtres n'ont d'ornement que leurs moulures d'ébrasement et leur remplage, la porte ouest porte une accolade gothique et une plinthe moulurée court tout autour de l'édifice. Pour Michèle Boccard, la monumentalisation de la chapelle tient davantage au dépouillement et à la pureté des proportions qu'à un décor foisonnant.

L'intérieur est éclairé par huit grandes fenêtres de style gothique flamboyant, hautes de 3 à 4 m et larges de 1,20 à 1,50 m. En 1940 la chapelle renfermait trois autels de pierre, le retable du maître-autel, une crédence et un sacraire du XVe siècle ainsi que plusieurs statues anciennes — dont la statue très abîmée de saint Nicolas qui a disparu ; une nouvelle statue de saint Nicolas a été exécutée par Lucien Prigent, sculpteur originaire de Trémel.

Saint-Nicolas est le plus ancien édifice connu du style Beaumanoir et est considéré par de nombreux auteurs comme un prototype, voire comme la plus belle réalisation de ce courant ; son influence s'étend au Bas-Trégor, parfois au Léon et à la Cornouaille, et le style sera imagé jusqu'au XVIIIe siècle puis repris au XIXe. L'isolement et la difficulté d'accès de la chapelle ont préservé son état : l'extérieur conserve intacts ses principaux éléments architecturaux, et, avec les églises Notre-Dame de Trédrez et Notre-Dame-de-la-Merci de Trémel, elle figure parmi les rares édifices Beaumanoir ayant conservé à la fois leur clocher-mur et leur chevet à noues multiples.

L'édifice est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 11 mars 1911. La chapelle, qualifiée de « joyau méconnu », se situe dans un site isolé de la vallée du Yar, au sud-ouest du bourg de Plufur, au sud de Plestin-les-Grèves, dans le Bas-Trégor ; on y accède depuis Trémel en empruntant la D42 puis la D32 vers Plufur, un chemin balisé se trouve 800 m après Trémel et le dernier tronçon d'environ 700 m s'effectue à pied. Le pardon se tient le dimanche le plus proche du 15 août.

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