Origine et histoire de la Chapelle Saint-Nicolas
La chapelle Saint-Nicolas de Priziac (Morbihan) est construite en forme de croix latine, avec une nef, un transept et un chevet carré percé d'une grande baie à meneaux. Sur le pignon occidental se dresse un petit clocher ajouré, accessible par une tourelle latérale ; le clocher porte les dates 1533 (?) et 1583, et la porte ouest porte la date 1580 (ou 1586). L'intérieur est couvert d'une voûte en charpente lambrissée et un jubé Renaissance en bois polychrome sépare la nef du transept. Ce jubé, daté de 1580 pour sa polychromie, présente sur le côté du chœur douze statuettes représentant les apôtres séparées par des cariatides, et sur l'autre face neuf panneaux sculptés en haut-relief illustrant la légende de saint Nicolas. L'un de ces panneaux montre le saint accompagné d'un baquet contenant trois enfants nus aux mains jointes, figure probablement liée aux fonts baptismaux. Les arcades de la claire-voie sont ornées de motifs Renaissance et d'écus, dont l'un est attribué à Yves Le Scanff, seigneur de Dréors, et un autre, mi-parti, rappelle Pierre Le Scanff et Jeanne du Juch. La chapelle contient également une roue à carillons et plusieurs statues, dont une descente de Croix et une statue de saint Nicolas. La présence de la chapelle est attestée dès 1516, année d'un conflit de prééminence entre Pierre Le Scanff, seigneur du Dréors, et Yvon Le Digoedel, fondateur et constructeur ; l'arbitrage reconnut la supériorité des seigneurs du Dréors et leurs armes figurèrent sur le pignon ouest jusqu'à la Révolution. Le jubé fut commandé vers 1565–1566, peint en 1580 puis repeint en 1768 ; l'inscription ancienne a été mal lue mais se rapporte vraisemblablement à 1580. La chapelle est classée au titre des monuments historiques depuis le 28 octobre 1922. Située en un lieu isolé de Priziac, la chapelle se trouve à environ cinq cents mètres des premières habitations ; le village de Kerviguen est au sud du bourg. Les vitraux originaux du XVe siècle avaient été placés en lieu sûr avant la Seconde Guerre mondiale par l'inspection des Monuments historiques et le verrier Jean-Jacques Grüber, mais ils disparurent pendant la guerre. Une caisse contenant ces vitraux fut retrouvée en 1978 dans le dépôt des Monuments historiques et, par erreur d'adresse, expédiée à Trizac dans le Cantal ; depuis 1994 ces verrières représentant la légende de la cane de Montfort ornent l'église de Trizac. Le pardon de Saint-Nicolas était marqué par une tradition appelée Pistolance, nom dérivé de l'expression Prince d'Orange : le jour du pardon on dressait une effigie du prince au sommet d'un mât entouré de fagots, on la brûlait après qu'un tireur l'avait renversée d'un coup de fusil, et les fidèles se partageaient les dépouilles de l'effigie. Cette coutume, signalée comme ayant commencé en 1690, se poursuivit jusqu'en 1828.
