Origine et histoire
La chapelle de Saint-Nicodème est un monument religieux situé à Pluméliau, dans le Morbihan. Les parties les plus anciennes de l'édifice datent du XVIe siècle ; l'ensemble présente une unité chronologique principalement comprise entre 1520 et 1540, à l'exception probable de certaines parties hautes de la tour. Classée au titre des monuments historiques depuis 1910, la chapelle adopte la forme d'une croix latine. Le clocher, tour carrée surmontée d'une flèche, s'élève à 46 mètres (48 m selon la notice aux visiteurs) ; la tour et sa flèche datent d'environ 1550 et abritent une cloche de bronze datée de 1507, baptisée Guillemette et pesant 900 livres. À la base du clocher, un porche ouvre sur la nef, et une tourelle abrite un escalier étroit de 110 marches conduisant à la cloche. L'enclos, plus récent que la chapelle, comporte des piliers datés de 1780. Dans le transept nord subsiste une tribune en pierre à plancher de chêne de style Renaissance, destinée aux seigneurs et adossée à un autel dit de la Résurrection, daté du XVIIIe siècle et surmonté d'une grande niche illustrant la visite des saintes femmes au tombeau. Le retable polychrome du maître-autel, réalisé par Olivier Martinet au troisième quart du XVIIe siècle et daté par les armes de Toussaint Cormier, représente au panneau central douze personnages, dont saint Nicodème recevant le corps du crucifié ; le saint figure aussi dans la niche supérieure et ses compagnons Gamaliel et Abibon sont sculptés dans les niches latérales. Deux petits retables occupent les bras du transept : au nord, un retable dédié à saint Pierre et saint Isidore ; au sud, un retable consacré à Notre-Dame de Lorette et saint Jean. Les sablières de la charpente sont sculptées ; l'une, dans le bras nord du transept, porte la date de 1539 et une inscription mentionnant J. Le Layec de Moriac et maître Loys de Kerveno, et plusieurs blasons de familles donatrices subsistent encore, notamment ceux des Rimaison et des Guengat. La fontainerie de l'enclos, taillée dans un leucogranite à grain fin du massif de Pontivy et de style gothique flamboyant, se trouve à gauche de l'entrée. La fontaine extérieure principale, datée de 1608, est composée de trois bassins couronnés de pignons à gable ; chacun était surmonté d'une niche qui abritait autrefois les statues de saint Nicodème, saint Gamaliel et saint Abibon, aujourd'hui disparues. Un haut-relief de la fontaine représente un couple conduisant un bœuf, un homme, un cochon, un cavalier et une femme en prière. Une seconde fontaine, datée de 1790, est dédiée à saint Cornély, protecteur des bœufs. La fontaine de dévotion de la chapelle, construite dans la seconde moitié du XVIe siècle par la famille de Ploeuc, seigneurs de Kerveno, porte leur blason sur le support de la statue de la niche centrale ; le pilastre gauche conserve une inscription aujourd'hui illisible et la date de 1608 portée au dos semble correspondre à une restauration. La sacristie, plus récente, est datée par une inscription murale de 1649 ; c'est lors de sa construction qu'une porte fut percée dans le côté nord du chœur pour y accéder. La maison du chapelain jouxte la sacristie et remonte au début du XVIIIe siècle. Les pardons de la chapelle regroupaient des rites populaires : les hommes se laissaient pousser la barbe avant de se faire raser, puis se lavaient le visage et les mains à l'eau de la fontaine de saint Nicodème pour se préserver des fièvres et des maladies de peau, tandis que l'eau de saint Cornély servait à protéger les troupeaux ; des veaux et des agneaux étaient offerts au curé puis vendus aux enchères au profit des pauvres, et le curé offrait ce jour-là du pain, du beurre et du cidre. Au début du XXe siècle, Gustave Geffroy a décrit la chapelle, sa fontaine et le pardon en soulignant le mélange du gothique flamboyant et des motifs de la Renaissance, la présence de statues protectrices d'animaux et de nombreux animaux sculptés, ainsi que les processions et les pratiques rituelles liées aux bestiaux.
