Origine et histoire de la Chapelle Saint-Sauveur de Coadry
La chapelle Saint-Sauveur de Coadry est située sur la commune de Scaër, dans le Finistère ; elle est inscrite aux monuments historiques depuis le 17 mai 1933. Elle se dresse au lieu-dit Coadry, à mi-chemin entre les bourgs de Scaër et Coray, visible depuis la route départementale 50 et entourée d'un enclos et d'un placître planté d'arbres ; deux croix monolithiques se dressent à proximité. La tradition rapporte qu'un temple païen occupait autrefois le site ; selon la légende, le comte de Trévalot jura de bâtir une chapelle s'il remportait une victoire contre le seigneur de Coatforn, et des bœufs choisis par le sort s'arrêtèrent près du temple en ruine, déterminant ainsi l'emplacement. Dès la construction, des miracles auraient eu lieu : disparition des ronces, jaillissement d'une source aux vertus médicinales et apparition des « pierres de Coadry ». Au XIIe siècle, pendant une disette, la chapelle fut accusée par la populace et incendiée ; la fumée dispersa alors des « pierres de croix » jusqu'à Coray. Deux siècles plus tard, la chapelle fut dédiée au Christ et les pèlerinages reprirent ; les « pierres de Coadry » servaient de talismans censés préserver des naufrages, des animaux enragés et de divers maux, et certains étaient vendus aux pèlerins. Vers le milieu du XIIe siècle, la chapelle dépendait probablement des Templiers ; après la dissolution de l'ordre elle passa sous la protection des Hospitaliers de Saint-Jean, rattachés à la commanderie de La Feuillée, et le resta jusqu'à la Révolution. La toiture fut restaurée en 1947 et, après la création en 1984 d'un comité de sauvegarde, des travaux de restauration débutèrent en 1986 avec l'appui des Beaux-Arts, du conseil général et de la commune. L'édifice présente une nef romane du XIe siècle en quatre travées et trois vaisseaux, couverte de charpente, qui s'ouvre sur les bas-côtés par des arcs de plein cintre à simple rouleau retombant sur de larges piles rectangulaires à imposte simple. La nef est séparée du chœur par un arc diaphragme ogival relevant d'une seconde campagne de construction datée de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe. Le chœur, de style gothique avec piliers octogonaux, arcades ogivales et fenêtres à remplages en arc brisé, date des XIVe–début XVe siècles, mais certaines arcades sont modernes ; le clocher ajouré est implanté sur le pignon occidental et la tourelle d'escalier a reçu son couronnement au XVIIIe siècle. Le mobilier comporte des éléments baroques. Au sud, le placître planté de châtaigniers et de frênes abrite un calvaire élevé à la fin du XIXe siècle et deux croix archaïques taillées dans un granit à gros grains. La chapelle conserve une importante statuaire — vingt-six statues en pierre ou en bois polychrome — représentant le Christ, des proches du Christ comme sainte Anne et saint Joachim, des martyrs tels que saint Jean-Baptiste et sainte Catherine, et des saints bienfaiteurs comme saint Roch. Les poutres du plafond portent des décors aux couleurs des familles bienfaitrices et de leurs alliances. Une série de fresques légendées en breton, peinte par Georges Alexandre Fischer à la fin du XIXe siècle, raconte la vie de Jésus au sommet de la nef. Une plaque apposée sur une pierre tombale dans le chœur porte l'inscription suivante : « Ci gît haute et puissante dame de Coatener marquise de la Roche, comtesse de Gournoase, vicomtesse du Cubu, baronne de Laz, décédée en son château de Trévalot le 16 février 1646. Réparé par son arrière-petite-fille Mlle Tréouret de Kerstrat, 1858. » Au XIXe siècle, deux pardons étaient célébrés : celui du Saint-Sacrement le dimanche du Saint-Sacrement (et la veille) et un second le quatrième dimanche de septembre, occasions de pèlerinages ; des indulgences plénières accordées par le pape Pie VIII étaient attachées à certaines pratiques de dévotion, tandis que des indulgences partielles étaient prévues pour d'autres vendredis.