Origine et histoire de la Chapelle Saint-Sébastien
La chapelle Saint-Sébastien, située à Dambach-la-Ville dans le Bas-Rhin, est une chapelle de pèlerinage classée monument historique par arrêté du 24 mai 1921. Partiellement endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale, elle rassemble des éléments architecturaux de plusieurs époques. Les parties les plus anciennes — la tour-clocher, l'ossuaire et une portion de la nef — remontent probablement au XIIe siècle; le chœur a été reconstruit au début du XIVe siècle, la nef remaniée aux XVe et XVIIe siècles et la sacristie ajoutée en 1685. Le logement du gardien a été reconstruit en 1963. Perchée sur les hauteurs du vignoble du Frankstein, à flanc de coteau, la chapelle domine Dambach-la-Ville et la région entre Sélestat au sud et la colline d'Epfig au nord. La vue s'étend à l'est sur le Kayserstuhl et la Forêt‑Noire; par temps clair, la flèche de la cathédrale de Strasbourg est parfois visible. La chapelle est l'ancienne église paroissiale du village disparu d'Oberkirch et apparaît pour la première fois dans un document daté de 1285. L'élévation de Dambach au rang de ville épiscopale en 1340, la construction de ses fortifications entre 1328 et 1340 et l'édification d'une nouvelle grande église entraînèrent le déclin d'Oberkirch. L'ordonnance de l'évêque Jean II de Lichtenberg en 1356, qui imposa que tous les offices se tiennent à l'église Saint‑Étienne de Dambach, précipita la disparition du village, tandis que Saint‑Sébastien conserva sa fonction de lieu de pèlerinage. La chapelle fut donnée la même année aux chanoines augustins de Dachstein, transférée à la cathédrale de Strasbourg en 1359, puis cédée au milieu du XVe siècle aux Hospices civils de Strasbourg. En 1480 le pape Innocent VIII supprima les deux vicariats d'Oberkirch et d'Altenwiller. Confisquée pendant la Révolution française, elle fut vendue aux enchères en 1792 après des tensions liées au refus de serment du curé Zaepffel et de son vicaire. Les habitants, partisans du curé, achetèrent collectivement la chapelle pour 1420 livres; trente‑deux donateurs assumèrent alors son administration et leurs descendants forment aujourd'hui la Confrérie Saint‑Sébastien, association de droit local alsacien‑mosellan responsable de sa conservation. Après la Seconde Guerre mondiale, la chapelle, endommagée par des faits de guerre et en mauvais état, a été restaurée grâce à des financements des Monuments historiques, du conseil général, de la commune et de la population; elle a été rendue aux fidèles et aux visiteurs le lundi de Pâques 1962. La chapelle présente un mélange de styles : un clocher roman, une nef et un chevet gothiques, une sacristie de la Renaissance et un maître‑autel baroque. La tour‑clocher, la partie la plus ancienne, est massive, carrée et probablement du XIIe siècle; son assise sans ouverture originelle suggère une fonction défensive. L'étage des cloches comporte quatre fenêtres bigéminées à arcades en plein cintre et la tour est coiffée d'un toit pyramidal tronqué, d'un couronnement carré en bois et d'un clocheton octogonal surmonté d'une croix. Un bâtiment central à toit en bâtière relie la tour au chevet et abrite la nef; le mur sud comporte une porte romane à côté de la tour, une grande fenêtre rectangulaire du XVIIe siècle au vitrage en cul‑de‑bouteille et deux fenêtres gothiques du XVe siècle. À l'est, la sacristie de style Renaissance, datée du XVIIe siècle, est accessible par un escalier extérieur, et la façade nord présente deux fenêtres gothiques pendantes et une fenêtre romane « dormante ». Le chevet gothique du début du XIVe siècle, décalé par rapport à la nef, est renforcé par quatre contreforts étagés qui encadrent trois baies vitrées, et son pignon offre une croix florencée en granite. La niche entre deux contreforts abritait autrefois un groupe sculpté en bois représentant Jésus au Mont des Oliviers, aujourd'hui disparu, et la partie nord du pignon de la nef renferme une cave voûtée ancienne servant d'ossuaire, dont l'origine reste incertaine. Au droit de la sacristie se dresse un Christ en croix daté de 1687, appelé localement la « Croix miraculeuse », dont l'expression est décrite comme mêlant douleur et miséricorde. La nef mesure 16,5 m de long, a une largeur comprise entre 9,5 et 10,5 m, est couverte d'un plafond plat en bois à poutres apparentes et comprend une tribune au fond; son mur avant s'ouvre sur un grand arc ogival en grès rose excentré vers le sud. Le chœur, reconstruit au début du XIVe siècle, est voûté en croisées d'ogives et porte une clé de voûte polychrome représentant le visage du Christ; les vitraux des trois baies arrière sont en grande partie masqués par le maître‑autel. Le maître‑autel baroque, pièce maîtresse de la chapelle, est finement sculpté, repose sur une pierre d'autel romane, porte une statue du martyre de saint Sébastien et illustre la Trinité verticalement et la Sainte Famille horizontalement; il a été réalisé entre 1690 et 1692 par les frères Philippe et Clément Winterhalter et l'ébéniste Johannes Eusebius Beyer. La statuaire comprend une Vierge à l'Enfant en bois datée de la fin du XVe siècle dont la copie exposée a été réalisée avec le concours du musée Unterlinden de Colmar, une statue reliquaire de saint Sébastien en bois polychrome du XVIe siècle sur l'autel latéral droit, des représentations de saint Urbain (XVIIe siècle) et de saint Nicolas (XVIIIe siècle) ainsi que deux statues du XVIIIe siècle représentant saint Michel terrassant le dragon et saint Urbain. Les murs latéraux de la nef sont ornés d'une série de six bras de lumière en bois, de style des XVIIe et XVIIIe siècles. La Confrérie Saint‑Sébastien, propriétaire de la chapelle et de ses abords, assure son entretien et sa gestion; héritière des trente‑deux donateurs de 1792, elle s'est constituée en association de droit local alsacien‑mosellan. Selon ses statuts, la confrérie comprend 32 membres actifs et deux membres de droit (le maire et le curé de Saint‑Étienne), la qualité de membre se transmetant généralement à un descendant ou collatéral familial, quelques places étant réservées à des cooptés, et l'exécutif se renouvelant annuellement selon un système de rotation dont le président porte le titre de « Premier Échevin » (Oberschaffner).