Origine et histoire de la Chapelle Saint-Symphorien de Boussargues
La chapelle Saint-Symphorien de Boussargues est un édifice roman situé à Sabran, dans le Gard, en Occitanie. Isolée au cœur des bois sur une propriété privée, elle se dresse à l'arrière du château de Boussargues, à trois kilomètres au sud‑est de Sabran et à une distance comparable au sud‑ouest de Bagnols‑sur‑Cèze, non loin de la route D274 entre les hameaux de Cadignac et Colombier. De plan rectangulaire et orientée, la chapelle présente une nef unique voûtée en berceau plein cintre, prolongée à l'est par une abside semi‑circulaire en cul de four ouverte sur la nef par un arc triomphal. La voûte de la nef est ceinte, à sa naissance, d'une imposte en cavet ornée de palmettes ; aux points d'appui des arcs formerets et du doubleau, des impostes d'angle portent un bandeau et un chamfrein sculpté en cuvette avec feuilles stylisées, rosettes et rinceaux de demi‑palmettes. L'abside est percée d'une fenêtre axiale cintrée à simple ébrasement et surmontée d'une corniche à deux rangs de pierres moulurées ; elle repose sur un soubassement de quatre assises de pierre d'aspect différent, vestige probable d'un édifice plus ancien. Le clocher, implanté à la verticale de l'arc triomphal, n'est conservé que par le départ de son montant nord ; sa voûte devait se réduire à une simple arcade. La couverture était vraisemblablement en lauzes et la façade ouest, haute et sobre, ainsi que la façade méridionale, sont percées de baies et de portes cintrées à simple ébrasement et criblées de trous de boulin destinés aux échafaudages. La façade sud livre, près du chevet, une large zone de maçonnerie dont l'appareillage diffère de celui du XIIe siècle, interprétée comme un vestige carolingien ; des remplois d'époque romaine, frises et palmette, ornent l'arc de la porte et témoignent d'éléments antérieurs réutilisés. Les parements extérieurs montrent un dressage ornemental en croix de Saint‑André et en arêtes de poisson, avec marques de tâcherons et marques de pèlerins gravées, ainsi que des trous de boulins répartis sur l'ensemble des façades. Des signes de layage et des marques de taille très visibles subsistent sur le pignon oriental, dont certains blocs portent des motifs en chevrons, losanges et cercles ; la baie du pignon est ornée d'une palmette en tympan. L'édifice a été interprété comme construit aux XIe‑XIIe siècles en remplacement d'un sanctuaire antérieur, peut‑être carolingien, lui‑même dérivé d'un précédent édifice romain. Une controverse subsiste quant à l'appartenance templière : la tradition attribue le domaine aux Templiers par Guillaume Ier de Sabran, seigneur de Tresques, tandis que l'historien Pierre‑Albert Clément indique un don aux Hospitaliers et assimile la chapelle à celle dite de Saint‑Florent de Boussargues, liée à la commanderie de Saint‑Christol. Boussargues dépendait de la viguerie de Bagnols et du diocèse d'Uzès ; le lieu est mentionné sous le nom de Brossanicæ en 1384 et la chapelle apparaît comme « prieuré de Boussargues » en 1620. Classée monument historique le 28 décembre 1984, la chapelle a fait l'objet d'une importante restauration à la fin du XXe siècle.