Origine et histoire de la Chapelle Saint-Thyrse de Robion
La chapelle Saint-Thyrse de Robion est une chapelle romane située à l’écart du village de Robion, à 7 km au sud de Castellane, dans les Alpes-de-Haute-Provence ; on y accède par la RD 102. L’édifice, de plan rectangulaire avec un clocher-tour, est daté par analyse stylistique du deuxième quart du XIIe siècle ; Raymond Collier le rattache au premier art roman tel qu’il se manifeste dans la région aux XIe‑XIIe siècles. La première mention documentaire certaine figure dans un compte de décimes du début du XIVe siècle, mais la majeure partie des renseignements provient des visites pastorales des XVIIe et XVIIIe siècles. Lors de sa visite de 1697, Monseigneur Jean Soanen signale l’église en très mauvais état, avec une fenêtre ouverte, un toit rompu et des dégradations au choeur ; il ordonne la pose d’une porte au clocher, la réparation de son escalier, la remise en état de la couverture et la consolidation des murs. En 1703, Soanen indique que des travaux sont en cours, remarque l’absence d’enceinte et de croix au cimetière, et constate un clocher fragilisé contenant deux cloches tandis qu’une troisième, trop lourde, est attachée au choeur ; il enjoint alors la réparation du clocher, la clôture du cimetière et l’implantation d’une croix. Le clocher est effectivement réparé en 1722 et pourvu de deux nouvelles cloches ; des transformations, notamment au niveau des baies du second étage, semblent dater de cette période. À la suite de l’effondrement de la voûte, celle‑ci est remplacée au début du XVIIIe siècle par une charpente simple et le mur nord est surélevé en blocage afin d’établir une toiture monopente sur la nef. Au milieu du XVIIIe siècle le service paroissial est transféré à l’église Notre‑Dame du village, ce qui fait perdre à Saint‑Thyrse son statut paroissial. Lors de la visite pastorale de 1788 Monseigneur de Vocance note une nef bien blanchie et une voûte en bois. Le hameau du Petit‑Robion est abandonné au XIXe siècle ; les procès‑verbaux de visites pastorales de 1870 et 1893 indiquent toutefois un édifice en bon état et réparé. En 1942 l’abbé Garnier procède à des consolidations sommaires avec l’aide des Compagnons de France, puis la chapelle est inscrite au titre des Monuments historiques le 12 avril 1944. Un état des lieux et des propositions de restauration sont dressés en 1978 par Dominique Ronsseray, architecte en chef des Monuments Historiques, et la restauration est achevée en 1979. La voûte est rétablie et une couverture actuelle constituée d’un toit à longs pans couvert de grandes plaques de métal est mise en place en 2003 ; depuis ces travaux l’état général de la chapelle s’est fortement dégradé et un diagnostic a été réalisé en 2014 en vue d’une nouvelle restauration. Bien que Serge Panarotto indique que la chapelle, en tant que bâtiment du cimetière de Robion, était encore utilisée, un arrêté municipal du 17 mars 2015 interdit l’accès en raison d’un risque d’effondrement : des fragments d’enduit de la voûte tombent dans le vaisseau. La présence d’une croix de Malte gravée sur la baie du chevet a laissé supposer à plusieurs historiens une origine templière, hypothèse que ne confirme aucun document et que de nombreux auteurs remettent en question. L’appellation Saint‑Thyrse reste d’origine incertaine pour plusieurs toponymistes.