Origine et histoire de la Chapelle Saint-Vincent
La chapelle Saint-Vincent, dite chapelle du cimetière, se situe légèrement à l'ouest du bourg de Grignan dans la Drôme et dépend du diocèse de Valence. Elle est mentionnée dès 1105 dans une bulle pontificale confirmant à l'abbaye de Tournus ses possessions à Grignan. L'édifice actuel, en calcaire et pierres de taille, présente un plan allongé d'environ trente mètres et relève de l'art roman ; son petit appareil et l'arc aux claveaux allongés de la porte latérale permettent de le dater de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle. La chapelle acquit le statut d'église paroissiale au XIIIe siècle, statut attesté jusqu'à la fin du XVe siècle (dernier acte en 1495), ce qui motiva l'adjonction d'une travée occidentale pour accueillir les paroissiens. Cette travée a probablement modifié la nef, peut-être primitivement voûtée en berceau, et une nouvelle voûte ainsi que des contreforts contemporains furent réalisés. La façade d'origine, légèrement reculée, a été remontée contre la travée ajoutée dans le respect de l'esprit roman, tandis que la transformation du chevet en plan pentagonal reste indéterminée. Lors d'une restauration du côté sud de la porte, une pierre tombale réemployée porte un nom que l'abbé Fillet identifie possiblement comme celui de Georges Manchin de Campobasso, présent à Grignan au début du XVIe siècle. Au XVIIe siècle, la chapelle servait de lieu de réunion aux Pénitents de Grignan, puis elle fut entretenue par la société des vignerons placés sous son vocable ; elle a conservé sa fonction d'église de cimetière. Les fenêtres ont probablement été agrandies au début du XIXe siècle et le dallage en pierre date de 1866. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques le 13 juillet 1926. Les vitraux actuels, œuvres de l'artiste belge Ann Veronica Janssens, sont constitués de quatre blocs de verre monochrome qui ont remplacé d'anciens vitraux du XIXe siècle ; ils ont été commandés en 2008 et inaugurés en 2013. Le mobilier comprend une statue de l'Immaculée Conception du XIXe siècle, deux bannières de procession et un tableau de la Vierge à l'Enfant. Sur le cadastre de 1836 figurait, quelques dizaines de mètres au sud-ouest, une autre chapelle dédiée à Notre-Dame-de-Beaulieu, aussi appelée Notre-Dame de l'Aumône, qui était en ruines au XIXe siècle et était liée à un hôpital médiéval situé sur le chemin de Donzère.