Chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent-d'Agny dans le Rhône

Patrimoine classé Patrimoine religieux Chapelle romane

Chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent-d'Agny

  • 223-529 Montée de la Chapelle 
  • 69440 Saint-Laurent-d'Agny
Chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent-dAgny
Chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent-dAgny
Chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent-dAgny
Chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent-dAgny
Chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent-dAgny
Chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent-dAgny
Crédit photo : Groumfy69 - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Frise chronologique

Moyen Âge central
Bas Moyen Âge
Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1100
1200
1300
1400
1700
1800
1900
2000
XIe siècle
Construction initiale
1364
Destruction partielle
1365
Réconciliation du lieu
1792
Rachat par les paroissiens
1945
Classement historique
1956
Restauration majeure
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Chapelle Saint-Vincent : classement par arrêté du 17 août 1945

Personnages clés

Guillaume Beci Curé ayant mené la cérémonie de réconciliation en 1365.
Auguste Labouret Maître verrier ayant installé les vitraux en 1956.

Origine et histoire de la Chapelle Saint-Vincent

La chapelle Saint-Vincent, édifice catholique de Saint-Laurent-d'Agny (Rhône), est classée au titre des monuments historiques depuis le 17 août 1945. Elle occupe un promontoire culminant à 480 m, l’un des derniers contreforts du Massif Central, dominant la vallée du Rhône et, au loin, la chaîne des Alpes. Le site est marqué par des vestiges néolithiques : des mégalithes en roches noires comportant cupules et bassins, certains aménagés en direction de l’est, et une pierre plate surnommée « la pierre qui guérit ». Une visite de géobiologues en 1978 et des pratiques locales ont contribué aux légendes entourant ces pierres. Le lieu fut successivement occupé par les tribus celtes ségusiaves, puis par les Romains ; la paroisse est attestée dans le cartulaire de l’abbaye de Savigny au Xe siècle, et l’église actuelle conserve des éléments datés du XIe siècle. Un tilleul remarquable, situé à l’ouest de la chapelle, est protégé par la FRAPNA.

Les parties les plus anciennes de la chapelle datent du XIe siècle ; elle repose sur une veine rocheuse et est dédiée à saint Vincent de Saragosse, patron des vignerons. La paroisse de Saint-Vincent d’Agny précéda celle de Saint-Laurent-d’Agny ; plus tard, Saint-Vincent fut relégué au rang de chapelle annexe. Lors de la guerre de Cent Ans, la chapelle fut attaquée par les « Tard-Venus » et, en 1364, pillée et incendiée, le clocher ayant été détruit au cours de ces événements. Le pape ordonna la réconciliation du lieu et, en 1365, le curé Guillaume Beci de Saint-Genis-Laval procéda à la cérémonie de réconciliation, acte conservé à la Bibliothèque nationale. Après ces dévastations le clocher fut reconstruit et la chapelle n’assuma plus qu’une fonction cultuelle réduite. Vendue comme bien national à la Révolution, elle fut rachetée aux enchères en 1792 par vingt-sept paroissiens et rendue au culte, certains prêtres y célébrant clandestinement par la suite. Classée en 1945 et restaurée en 1956, la chapelle retrouva un aspect proche de l’origine : la porte ouest fut rouverte, l’autel baroque remplacé par un autel de pierre attribué à l’ancienne église de Montagny, et les enduits furent supprimés pour mettre en valeur la voûte, les arcatures et la coupole. L’emplacement attire aujourd’hui des promeneurs, randonneurs, cavaliers, cyclistes, amateurs d’art roman et chercheurs en géobiologie, et a servi de décor pour quelques séquences filmiques.

À l’extérieur, la façade ouest est sobre avec une porte étroite décalée sous un oculus et une croix sur le toit ; la façade nord présente deux petites fenêtres et trois contreforts. À l’est, le chevet semi-circulaire, couvert de lauzes et appuyé sur un gros bloc orthogonal, est surmonté d’un clocher quadrangulaire typique du Lyonnais-Forez, composé d’un étage aveugle et d’un étage supérieur percé de baies géminées abritant une cloche en mauvais état. Le plan intérieur laisse apparaître trois volumes : une nef rectangulaire épaulée par contreforts, un transept carré et un chevet en demi-cercle ; une gargouille sert aujourd’hui essentiellement à la ventilation. Des croix dites celtiques inscrites dans un cercle, réemplois possibles, se trouvent sous le larmier aux faces est et sud, et la fenêtre de la nef conserve un ébrasement très marqué caractéristique du roman, tandis que la baie du transept semble remaniée. La porte sud, ouvrant sur l’ancien cimetière qui contient encore environ deux cents inhumations, est entourée d’un appareillage en pierre taillée différent du reste du parement, surmontée d’un linteau antérieur au XIe siècle, d’un tympan réticulé rustique et d’un arc de décharge alternant briques rouges et pierres blanches.

À l’intérieur, la nef est voûtée en berceau plein cintre et s’appuie sur trois arcatures aveugles de chaque côté ; le transept non saillant porte une coupole sur trompes soulignée par de petites tablettes en pierre. Le sol en dalles comporte de nombreuses marques gravées — croisettes, demi-lunes — et l’abside en cul-de-four est percée de deux fenêtres, l’une orientée à l’est et l’autre, postérieurement ouverte sur le sud. De part et d’autre de l’autel, deux niches surmontées de croix pattées et des carreaux figurant dauphins, grappes de raisins et lions sont des réemplois apparus lors de la restauration. La chapelle est éclairée par six fenêtres et un oculus, avec des vitraux installés en 1956 par le maître verrier Auguste Labouret. On attribue à la chapelle une construction suivant les règles du Nombre d’Or, interprétation qui insiste sur l’harmonie de ses proportions.

La statuaire conserve une statue reliquaire de saint Vincent du XVIIe siècle, très endommagée, placée sur le mur nord, ainsi que deux statues en tilleul du XVIIe siècle représentant saint Abdon et saint Sennen, inscrites au patrimoine en 1978. Sur le côté nord du transept se trouve une Vierge en noyer du XVe siècle de style bourguignon, dite Notre-Dame de Bonne Garde, classée en 1958 et replacée dans la chapelle en 1958 après avoir été conservée chez les Sœurs Saint-Charles au lieu-dit le Cadix. Un Christ en croix en tilleul du XVIIe siècle, de facture janséniste, est accroché sur l’arcade qui délimite l’abside ; il conserve une iconographie expressive de la souffrance rédemptrice.

Les traditions locales ont associé la chapelle à des rites liés au mariage et à la fécondité, notamment un jeu divinatoire autour de la statue de saint Abdon, et une messe annuelle célébrée le samedi le plus proche du 22 janvier, fête de saint Vincent. Enfin, le site concentre vestiges préhistoriques, architecture romane et usages populaires, offrant un ensemble remarquable tant pour la recherche que pour la visite.

Liens externes