Origine et histoire de la Chapelle Saint-Yves
La chapelle Saint-Yves de Rennes conserve le souvenir du mariage d'Anne de Bretagne et de Charles VIII et constitue le dernier témoignage d'un vaste ensemble hospitalier établi au bord de la Vilaine. L'origine de l'hôpital remonte à 1358, lorsque le chanoine Eudon Le Bouteiller transforma son manoir en maison-Dieu dédiée à la Vierge. Situé dans la paroisse Saint-Étienne, l'établissement fut d'abord géré par deux chapelains choisis par le prieur de l'abbaye Saint-Melaine et par deux bourgeois, puis, à mesure des donations, par trois prévôts et un prêtre nommés par la Communauté de Ville et le Chapitre cathédral. Placé sous l'invocation de saint Yves, l'hôpital et sa chapelle furent reconstruits, la chapelle actuelle remplaçant un édifice du XIVe siècle et édifiée en 1494 selon le dossier de Véronique Orain. L'établissement connut plusieurs étapes d'évolution : il fut réuni à l'hôpital Sainte-Anne en 1557, comptait en 1583 quatre-vingt-deux lits répartis entre ancienne et nouvelle salle et chambres de femmes, fut agrandi en 1628 par de nouvelles salles à l'ouest de la cour et accueillait en 1630 deux cent vingt pauvres. En 1728, il servit également de grenier à blé et de caves à cidre pour les hôpitaux de Rennes. Les plans et vues successifs — une première représentation de 1616, un plan de 1685 le montrant adossé au rempart de la première enceinte, un plan détaillé de 1726 décrivant la cour accessible depuis la rue, un corps de bâtiment à l'ouest avec un passage enjambant une rampe vers la rivière, un cimetière et des jardins, puis un plan de 1877 signalant des destructions liées à la rectification des quais — restitue l'organisation du site. Les religieuses Augustines de la Miséricorde assurèrent le service des malades de 1644 à la Révolution, revinrent en 1804 et participèrent au déménagement de l'hôpital, activité qui cessa en 1896. L'hôpital fut transféré au nouvel Hôtel-Dieu au milieu du XIXe siècle, opération datée en source de 1858, et les bâtiments classiques furent progressivement détruits au fur et à mesure de l'aménagement du quai Duguay-Trouin. De 1754 à 1790, la chapelle abrita le Chapitre cathédral après l'interdiction de la cathédrale Saint-Pierre. Après le déménagement de l'Hôtel-Dieu, la chapelle fut transformée en quincaillerie. Elle a été classée au titre des monuments historiques le 10 mars 1945, rachetée par la ville en 1981, puis restaurée et aménagée pour accueillir l'office de tourisme de Rennes Métropole jusqu'en 2019 ; des vitraux créés par Gérard Lardeur y furent posés en 1997. En 2025, la ville a mis la chapelle en vente via un appel d'offres sans usages prédéterminés, ouverte aux projets compatibles avec la mise en valeur du lieu. Sur le plan architectural, l'édifice présente une nef rectangulaire voûtée dont le mur nord conserve des vestiges de l'appareil du XIVe siècle, des sablières gravées du XVe siècle et, à la façade sur la rue Le Bouteiller, une porte d'entrée à arc surbaissé surmontée de trois niches aujourd'hui vides. La façade sur la rue Saint-Yves comporte quatre fenêtres, dont une très grande, et une porte basse également surmontée de niches. L'inventaire de 1793 mentionne un retable de 1673 réalisé par François Gillet et un buffet d'orgue démoli le 9 novembre 1800. Enfin, l'ensemble des bâtiments entourant la chapelle a été transformé à l'occasion de l'installation de l'office de tourisme pour servir de bureaux et d'espace d'accueil, la nef accueillant un parcours éducatif sur l'histoire et l'architecture de Rennes.