Origine et histoire de la Chapelle Sainte-Ergoueffe
La chapelle Sainte‑Ergouëffe, édifice roman en ruine, se situe sur la commune de Surtainville dans la Manche, en Normandie. Ses vestiges se dressent à 250 mètres à l'ouest de l'église Saint‑Pierre. Selon la tradition, un navire portant une statue de sainte Ergoueffe comme figure de proue se serait échoué sur la plage et, faute de pouvoir déplacer la statue, un sanctuaire aurait été élevé sur place. Une première chapelle d'architecture romane aurait été bâtie au VIIe siècle ; elle s'éclairait à l'origine par deux petites baies en plein cintre et ses murs présentent un appareil en arêtes‑de‑poisson (opus spicatum). Ruinée, elle fut reconstruite dans la seconde moitié du XIe siècle et servit de siège à une léproserie. Avant 1050, Jean de Muller la donna au prieuré augustin de Brewton, dans le diocèse de Bath, donation confirmée vers 1180 par Henri II ; une source alternative évoque le prieuré anglais de Burton. Après le rattachement de la Normandie au domaine royal, elle échut en 1260 à l'abbaye bénédictine Saint‑Martin de Troarn ; desservie jusqu'à la Révolution, elle fut déclarée bien national. La commune de Surtainville la récupéra en 1802 ; en 1807 on démolit la toiture et le mobilier fut transféré à l'église paroissiale, puis la chapelle fut abandonnée et son chœur détruit en 1950. De l'édifice roman subsiste la nef rectangulaire orientée dont les murs conservent l'appareil en arêtes‑de‑poisson ; l'édifice s'éclaire par six ouvertures en plein cintre, dont trois ont été obstruées. La porte sud a perdu la majorité de ses pierres de taille ; du chœur détruit reste un arc triomphal en plein cintre, privé de sa clé et orné de tores reposant sur des chapiteaux sculptés dont les abaques portent des rinceaux végétaux. Les corbeilles des chapiteaux représentent des motifs du bestiaire médiéval fantastique : côté nef, un quadrupède au regard tourné vers une tête humaine et dont la moustache s'enroule en volutes ; côté sud, un homme ailé coiffé d'un bonnet phrygien, monté sur un animal à la gueule grande ouverte devant lequel un serpent crache du feu ; une sculpture similaire existe sur le tympan de l'église romane de Chef‑du‑Pont. La chapelle est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 2 février 1993. La statue polychrome de la sainte, portant l'inscription « Se Argoyfle D.D » et anciennement placée dans la niche centrale du chœur, se trouve depuis 1823 dans la chapelle sud de l'église paroissiale.