Origine et histoire de la Chapelle Sainte-Marie-du-Cap
La chapelle Sainte-Marie-du-Cap, dite « chapelle algérienne », se trouve à Lège-Cap-Ferret, au village de l'Herbe, au bord du bassin d'Arcachon. Le vaste domaine dont elle faisait partie fut acquis en 1863 par Léon Lesca et son frère, et développé par Léon Lesca à son retour d'Algérie à partir de 1864 ; la chapelle en est aujourd'hui le seul élément subsistant. Le domaine comprenait une grande villa néo-mauresque surnommée « le Palais des Pachas », une école, un presbytère, des logements pour le personnel et un parc d'environ 25 hectares planté d'essences exotiques comme des palmiers, des cèdres du Liban, des bananiers et des eucalyptus, où l'on élevait des paons et qui était bordé de mimosas. Lesca fit également aménager des réservoirs à poissons, exploiter la forêt et des parcs à huîtres, planter de la vigne, construire une jetée et une douzaine de maisons pour les employés ; jusqu'à 80 personnes travaillaient sur la propriété. Conseiller général de La Teste de 1873 à 1897, Léon Lesca vécut dans la villa jusqu'à sa mort en 1913 à l'âge de 88 ans. La villa, laissée à l'abandon après la guerre, fut réquisitionnée sous l'Occupation, vendue puis détruite en 1965 par un promoteur immobilier ; derrière la chapelle s'étend aujourd'hui un lotissement de résidences secondaires possédé par une cinquantaine de descendants de la famille Lesca. Seuls subsistent la paroi arrière de la « grotte », un pont en rocaille, deux cuviers et la chapelle Sainte-Marie-du-Cap.
La chapelle a été réalisée par l'architecte Jean‑Eugène Ormières en 1884-1885 dans un style néo-mauresque et destinée au culte catholique. Jusqu'alors, l'absence de lieu de culte sur la presqu'île obligeait les habitants à se rendre à Arcachon en pinasse pour la messe, ce qui présentait des risques ; bien que construite à titre privé, la chapelle fut largement utilisée par les villages ostréicoles voisins. Léon Lesca obtint l'autorisation du président de la République Jules Grévy pour son édification. Inscrite dans le courant « orientalisant » qui se développa sur le bassin d'Arcachon au XIXe siècle, elle est le seul édifice religieux de la région à employer ce répertoire décoratif mêlant motifs et symboles arabes et chrétiens. Le clocher associe de façon originale la croix et le croissant de lune et porte une inscription latine, « gloria Deo », ainsi qu'une inscription en arabe traduite par « bienvenue à vous », signes de l'intention d'ouverture et de paix du commanditaire. La polychromie, les carreaux de céramique à motifs géométriques et floraux et l'utilisation de l'arc outrepassé polylobé illustrent l'influence mauresque. L'intérieur présente un lustre en bois agrémenté de verrerie, de porcelaine et de pompons de tissu multicolores, ainsi qu'une étoile à cinq branches à valeur symbolique pour les trois religions du Livre, selon les interprétations rapportées.
La chapelle Sainte-Marie-du-Cap fut bénie le 8 septembre 1885 par l'abbé Lacouture ; l'abbé Noailles en fut le premier et seul chapelain. Après avoir appartenu au diocèse, elle a été vendue à la commune de Lège-Cap-Ferret pour 1 euro symbolique et inscrite à l'inventaire des monuments historiques en août 2008. Une rénovation complète a été achevée en juin 2011. Elle demeure affectée au culte catholique : on y célèbre des messes et des cérémonies en été, ainsi que des mariages et des baptêmes pour les résidents réguliers du village de l'Herbe, et elle accueille ponctuellement concerts et manifestations. L'église Notre‑Dame‑des‑Flots, inaugurée en 1966 et située plus bas sur la presqu'île, se trouve sur le site d'une chapelle antérieure construite en 1893.