Origine et histoire de la Chapelle Sainte-Vérène
L'ensemble de la chapelle et de l'ermitage Sainte‑Vérène, bâti entre la fin du XVe et le XVIIIe siècle, est fréquenté comme lieu de pèlerinage depuis 1770. La chapelle, datée de la fin du XVe‑début du XVIe siècle et restaurée en 1685, est parfois utilisée pour le culte ; l'ermitage, ajouté en 1745, prolonge le chœur. Le site se situe en contrebas du village d'Enchenberg, dans le canton de Bitche (Moselle), et constitue un haut‑lieu spirituel du Pays de Bitche. La tradition locale attribue le patronage à sainte Vérène, anachorète suisse, en lien avec des immigrés venus à la fin du XVIIe siècle, mais ce culte remonte en réalité à l'époque médiévale. La chapelle fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 27 février 1996.
De plan massé, le bâtiment modeste, constitué au XVe siècle et remanié en 1685, comporte une cave, un rez‑de‑chaussée et un étage d'habitation accessible par une échelle de meunier. Quatre phases architecturales sont lisibles dans l'édifice et témoignent de ses remaniements successifs. Une petite fenêtre romane du chœur, d'origine incertaine, pourrait provenir d'un sanctuaire plus ancien implanté sur le site. Parmi les éléments les plus remarquables figurent une grande fenêtre et une porte de style gothique flamboyant, datées de la fin du Moyen Âge. Deux fenêtres de style Renaissance, des XVe et XVIe siècles, se trouvent dans le pignon ouest ; les meneaux verticaux supérieurs et inférieurs ont été supprimés vers 1960.
L'entrée de l'ermitage, datée 1745, est ornée d'un angelot baroque et d'une Vierge en terre cuite attribuée à la même époque. À l'intérieur, l'arche du chœur en gros moellons de grès rose, taillée en dos d'âne, conserve le millésime 1685 qui marque la dernière restructuration majeure ; le voûtement primitif du chœur a peut‑être été supprimé et remplacé par un plafond. Une colonne gothique centrale, dont la décoration ancienne a été retrouvée et fidèlement restituée, soutient un plafond plat en torchis sur piécettes de chêne et plâtrage.
L'ancien retable, volé vers 1960 puis retrouvé incomplet, est inscrit sur la Liste supplémentaire des monuments historiques depuis le 24 novembre 1991 et exposé dans la chapelle ; de facture baroque, il est probablement attribué au sculpteur tyrolien Hans Martersteck. Le retable actuel comporte un panneau central peint représentant sainte Vérène avec ses attributs, des volets décorés gravés et dorés, et, dans la représentation fermée des volets, le calice et l'Agneau pascal couchés sur la Bible ; l'ensemble ouvert mesure 1,6 m de haut sur 2 m de large.
Les vitraux figuratifs anciens disparus vers 1960 ont d'abord été remplacés par des losanges multicolores, puis, plus récemment, par des vitraux figuratifs de l'artiste Sauveur Pascual. Les vitraux du pignon représentent sainte Vérène, vêtue d'un manteau rouge et tenant la cruche et le peigne, et saint Maurice, légionnaire de la Légion thébaine, identifié par l'étendard rouge et l'épée brisée. Le vitrail de la fenêtre gothique montre saint Victor et saint Ours, compagnons de la Légion thébaine, entourant un calice contenant l'Agneau pascal, renvoyant à la symbolique de l'ancien retable.
La statuaire comprend une copie récente en marbre de Carrare de la figure du retable volé en 1974, réalisée d'après une carte postale ancienne. À proximité, une grotte de Lourdes a été édifiée en blocs de grès de la forêt de Saint‑Louis‑lès‑Bitche par des habitants en 1958 pour le centenaire des apparitions ; un autel extérieur sert aux cérémonies du 1er mai et une croix commémore un vœu formulé lors des combats de la Libération en décembre 1944. Le calvaire, typique du Pays de Bitche et peut‑être surchargé d'une inscription de 1827, porte les effigies de saints protecteurs ruraux : sainte Vérène en habits de paysanne du XIXe siècle, saint Marc avec le lion et la palme, et saint Wendelin avec le chien et la houlette.
Plus bas que le site, une source d'eau très douce, transformée en lavoir depuis longtemps, a alimenté les ermites et les lavandières du village et contribué au développement du sanctuaire. Le chemin de croix, tracé le long d'un chemin creux emprunté par les pèlerins en route vers l'ancienne église paroissiale, est jalonné de quatorze stations sculptées en grès ; la plupart datent de la fin du XVIIIe siècle mais plusieurs ont été remplacées ou restaurées au XIXe siècle et plus récemment. La fête de sainte Vérène tombe le 1er septembre, mais le grand pèlerinage local, instauré après un vœu prononcé en 1770 par les habitants de Lambach et des communes voisines lors d'une épizootie, se tient le 1er mai.