Origine et histoire de la Chartreuse de Bellary
La chartreuse de Bellary, ou chartreuse de l'Annonciation de la Sainte-Vierge de Bellary, est un ancien monastère situé dans les bois de la Nièvre, sur la commune de Châteauneuf-Val-de-Bargis ; elle est aujourd'hui une propriété privée. Le nom Bellary dériverait probablement du vieux français beaularriz, « terre en friche », bien qu'une tradition plus poétique l'attribue à une allusion à Mahaut de Courtenay. Fondée en 1209 par Hervé IV de Donzy et son épouse Mahaut de Courtenay, la chartreuse a d'abord été bâtie en bois puis progressivement reconstruite en pierre entre 1230 et 1255 selon le plan traditionnel des chartreuses. Les travaux se sont poursuivis sous plusieurs prieurs : dortoir et cellier furent engagés à partir de 1242, puis le chapitre, sa chapelle et le petit cloître, et enfin le réfectoire; la construction ne s'acheva qu'à la fin du XIIIe siècle. L'établissement connut des périodes d'abandon et des dommages pendant la guerre de Cent Ans et les guerres de religion : pillée par les Anglais en 1405, elle fut temporairement délaissée, restaurée et à nouveau chassée en 1423 par les Anglo-Bourguignons. Des secours et privilèges royaux et pontificaux aidèrent à sa reconstruction, mais un incendie accidentel endommagea le clocher en 1443 et en 1462 la communauté ne comptait plus que cinq moines et un convers. Un renouveau débuta au début du XVIe siècle avec des réparations et la reconstruction du petit cloître sous le prieur Guillaume Bruneau (1509-1525) ; en 1514 trois cellules furent aménagées. La chartreuse subit encore des sinistres : un incendie provoqué par la foudre en 1559 et l'incendie par les calvinistes de La Charité-sur-Loire en 1568, entraînant des dispersions répétées jusqu'au retour des religieux en 1602 ; un nouvel autel fut installé en 1610 et la messe y fut célébrée le 11 avril de cette année-là. Une importante campagne de rénovation eut lieu en 1727 ; au XVIIIe siècle la chartreuse disposait de revenus importants et était un grand propriétaire foncier et employeur local. L'assouplissement de la règle entraîna des réaménagements, notamment d'un vaste bâtiment à l'ouest du petit cloître comprenant cinq chambres de religieux et un pavillon d'extrémité qui semble avoir été le logis du prieur, tandis que le portail d'entrée porte la date de 1788. En avril 1791 la chartreuse fut vendue comme bien national à Domenge Pic de la Mirandole pour 100 200 livres et transformée en exploitation agricole ; la propriété fut de nouveau mise en vente en 1850 après saisie, alors au nom d'André Bret. La grande chapelle, la chapelle annexe, la sacristie, le grand réfectoire du XVIe siècle et le portail du pavillon d'entrée font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 20 octobre 1971. L'ensemble architectural comprenait l'église, la maison du prieur, les petites maisons des religieux, le cloître, la porte monumentale de style dorique datée 1788, la salle de Malgouverne destinée à l'accueil des laïcs, la chapelle, un moulin, un pressoir, granges et écuries ainsi que le cimetière des chartreux, certains éléments ayant disparu ou été transformés. À cinq cents mètres à l'ouest existaient la « maison basse » destinée aux frères convers et la chapelle Saint-Laurent. Le tabernacle-retable de l'église est aujourd'hui conservé au musée Auguste-Grasset de Varzy et la grille d'entrée du cimetière de Beaumont-la-Ferrière provient de la chartreuse. La chartreuse était dirigée par un prieur et la communauté variait de sept ou huit à une dizaine, parfois une quinzaine de religieux ; l'abbé Lucien Charrault a dressé la liste complète des prieurs, de Dom Étienne en 1209 au dernier prieur Maurice Buhigné en 1789-1790. Selon la tradition cartusienne, la chartreuse portait les armes de son fondateur Hervé IV de Donzy.