Origine et histoire de la Chartreuse de Bonpas
La chartreuse de Bonpas est située à Caumont-sur-Durance, en Vaucluse, au bord de la Durance et à la limite du territoire d'Avignon ; elle se trouve entre la voie TGV, la sortie Avignon-sud de l'autoroute A7, la route nationale 7 et la départementale D900 qui dessert la propriété. Le lieu, ancien passage pour traverser la Durance, porta d'abord le nom de « malus passus » (mauvais pas) avant de devenir « bonus passus » (Bonpas) lorsque la traversée y fut améliorée par la présence des religieux. Des mentions antiques évoquent un oppidum et, vers l'an 800, une chapelle et un hôpital furent établis sur le site. La chapelle Notre-Dame de Bonpas a été édifiée au-dessus de tombes mises au jour sous la crypte, et des documents anciens associent sa fondation aux événements liés à Charles Martel et à Charlemagne. Le franchissement de la Durance à cet endroit était stratégique : un rocher en rive droite commande un passage et une route conduisant au Rhône, et le XIIe siècle voit l'apparition de fortifications autour du lieu. Les archives médiévales mentionnent des projets de pont, la présence durable d'un bac ou de ponts flottants et des bulles papales confirmant les biens et privilèges du prieuré et autorisant la construction d'un pont, sans preuve formelle d'un pont en pierre avant celui construit entre 1807 et 1812. Le passage attira les convoitises et provoqua des conflits : Raymond VII de Toulouse s'en empara et le fortifia, contraignant les religieux à établir un bac qui rapportait d'importants revenus et suscita des contestations avec l'évêché d'Avignon. Au cours du XIIIe siècle, le prieuré prit le titre de « Maison du pont de Bonpas » et reçut des confirmations de droits et privilèges, notamment de la part d'Alphonse de Poitiers. En 1278 la Maison de Bonpas fut transférée aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem malgré des oppositions locales. Au début du XIVe siècle le pape Jean XXII céda le monastère aux chartreux et l'établissement fut organisé en 1321 ; les travaux de construction et d'aménagement furent poursuivis grâce au soutien de mécènes et d'ecclésiastiques comme Jean XXII et le cardinal Simon Langham. Les bâtiments ont été remaniés à travers les siècles : le nombre de cellules fut modifié, des chapelles furent édifiées et plusieurs personnalités y furent inhumées, parmi lesquelles Simon Langham, le cardinal Philippe de Cabassolle, Martin de Zalba et son neveu Miguel de Zalba. La chartreuse connut une prospérité au XVIIe siècle avec l'élévation de la salle capitulaire et la construction de nouveaux espaces rendues possibles par des donations ; Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu fut prieur avant d'occuper d'autres charges ecclésiastiques. Les archives mentionnent également les différentes tenues des chartreux, comme celles du frère donat ou du frère convers ainsi que les tenues de ville et ordinaires. Pendant les guerres de religion la chartreuse n'aurait pas subi de dégradations de la part des protestants. Lors de la Révolution, les chartreux furent expulsés et la communauté, qui comprenait seize pères et huit frères convers, fut dispersée ; le prieur émigra et la chartreuse fut vendue comme bien national, tandis que certains religieux prêtèrent serment civique. Des démarches furent engagées pour la conservation des archives religieuses, confiées à des responsables locaux, dont un ancien religieux de Bonpas. Après la Révolution, l'église et certains bâtiments serviren t de carrière de pierre, mais l'ancienne hôtellerie et la chapelle Notre-Dame furent conservées. Le poète Adolphe Dumas naquit à la chartreuse et, lors de son passage vers l'île d'Elbe, Napoléon franchit le pont de Bonpas et observa la chartreuse en y livrant une réflexion célèbre. La propriété appartint à la famille de Grenaud avant d'être achetée en 1942 par Pierre Olphe-Galliard, qui la rénova ; la chapelle fut restaurée et consacrée en 1949 par l'archevêque d'Avignon. La famille Olphe-Galliard puis Casalis Olphe-Galliard développèrent un domaine viticole en appellation Côtes-du-Rhône et restèrent propriétaires jusqu'en 2004, date à laquelle la chartreuse fut vendue au groupe Boisset. La chapelle du XIIe siècle est classée monument historique. Le site conserve des jardins à la française, un grand cellier et un chai ; un caveau propose des dégustations de vins de la vallée du Rhône et d'autres terroirs sur rendez-vous. Les abords de la chartreuse sont marqués par la présence de la route nationale, de la Durance, de la ligne TGV, de l'aéroport Avignon-Provence, de l'autoroute et de vignobles, éléments qui caractérisent son environnement immediate. La cour d'honneur, le grand cellier, le chai et les jardins figurent parmi les vues souvent présentées dans les collections photographiques consacrées au lieu.
