Période
XIVe siècle, XVe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Les vestiges de la grande chapelle du XVIIe siècle ; la salle voûtée attenante au choeur de cette chapelle ; la petite chapelle du XVe siècle, dite des Morts ; les bâtiments de la porterie comprenant les deux corps de logis en retour d'équerre, la tourelle cylindrique, la porte charretière et la poterne d'entrée, y compris leurs vantaux à peintures fleurdelysées ; la bretèche et les mâchicoulis surmontant le passage du bâtiment attenant à l'est à la petite chapelle ; les façades du passage entre deux cours à décoration du XVIIIe siècle : inscription par arrêté du 10 janvier 1928 - Les bâtiments conventuels, à l'exception des parties déjà inscrites (cad. C 175) ; les sols archéologiques (cad. C 164, 166, 173 à 175) ; le mur d'enceinte des bâtiments conventuels, le grand mur d'enceinte de l'abbaye, le moulin et le système d'adduction d'eau de l'ancienne chartreuse (cad. C 141 à 151, 153 à 163, 167 à 169, 171, 172, 176 à 178) : inscription par arrêté du 25 septembre 2000
Origine et histoire de la Chartreuse de Bourgfontaine
L'ancienne chartreuse de Bourgfontaine, située dans une vaste clairière de la forêt de Retz à Villers‑Cotterêts, a été fondée au début du XIVe siècle par Charles de Valois et poursuivie puis achevée par son fils Philippe VI ; l'église fut placée sous le patronage de Saint‑Louis de Toulouse. Les bâtiments conservés reflètent des campagnes successives : aménagements aux XVe‑XVIe siècles (notamment la chapelle des hôtes et une porte fortifiée), remaniements au XVIIe siècle (corps de bâtiment à l'est de la cour, logis de l'abbé, reconstruction de la nef) et réaménagements au XVIIIe siècle (façade de l'église, grand passage entre les cours). La chartreuse fut pillée et incendiée lors des guerres de Religion, pertes suivies de réparations, et le site supporta d'autres destructions à la Révolution : vendue comme bien national, une partie des communs, le cloître et les cellules furent démolis pour matériaux et le reste fut transformé en ferme. Après des usages agricoles et scolaires, le domaine connut des travaux de restauration au début du XXe siècle, puis de nouvelles campagnes de restauration à partir de 1963 ; les bâtiments ont été ouverts au public à partir d'octobre 1997 et sont inscrits au titre des monuments historiques.
La chartreuse réunissait deux entités distinctes : le couvent proprement dit et l'habitation royale édifiée par Charles de Valois. L'ensemble était ceint de hautes murailles et organisé selon la disposition traditionnelle des chartreuses, avec une cour d'entrée entourée de bâtiments conventuels qui figuraient parmi les plus étendus de France. Le portail en plein cintre, orné de colonnettes et de denticules, était décoré d'angelots posés sur des cartouches ; la chapelle présente un plan simple de type basilical, avec une nef sans transept ni collatéraux, de grandes baies et une abside polygonale, tandis que l'ornementation extérieure se limite à des contreforts surmontés de pignons et à une corniche à fleurons. Sur l'archivolte de la porte principale se lisait la devise latine Hic praeteritos dies meditate et eternos meditare (« Ici souvenez‑vous de vos jours passés et pensez à l'éternité »).
Parmi les prieurs figurent, dès l'origine, Eustache ; on retrouve également des noms tels que Jean Tirelli, Alexandre Cuignet, Charles de Chalard, Louis Chéron et Maurice Andrieu, ce dernier assurant la charge à la fin de l'Ancien Régime. La chartreuse a reçu la visite de personnalités comme Nicolas de Clamanges, Pierre Acarie, Cornelius Jansen, Saint‑Cyran, Robert Arnauld d'Andilly, Louis Racine et Jean Filleau.
Le domaine foncier légué et acquis par la maison comprenait plusieurs fermes et domaines — Sennevières, Beauvoir, Mortefontaine, la ferme de Baisemont, la ferme de Fleury, la ferme de Faverolles — ainsi que des droits sur des bois, sur la rivière de l'Ourcq, sur des moulins et des usages forestiers ; en 1671, le patrimoine atteignait près de deux mille hectares, complété par des rentes et des droits divers.
Sur le plan artistique, Louis Licherie a réalisé une toile parmi une série destinée à la chartreuse dans les années 1670, illustrant la vie de saint Bruno. Pour approfondir l'histoire du lieu, on peut se référer aux travaux de l'abbé Poquet, de Françoise Billotey, de Lucien Marchand et d'André Moreau‑Néret.