Chartreuse de Mélan à Taninges en Haute-Savoie

Patrimoine classé Patrimoine religieux Chartreuse

Chartreuse de Mélan

  • 940 Route de Chessin
  • 74440 Taninges
Chartreuse de Mélan
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Chartreuse de Mélan
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Chartreuse de Mélan
Crédit photo : Sido74500 - Sous licence Creative Commons
Propriété du département

Période

XIIIe siècle, XVIe siècle

Patrimoine classé

Cloître (cad. G 1089) : classement par arrêté du 27 novembre 1911 ; Chapelle (cad. G 1089) : classement par arrêté du 20 février 1932 ; Façades et toitures de la ferme, des écuries et de la maison des Etrangers (cad. G 1089) : inscription par arrêté du 21 septembre 1983

Origine et histoire de la Chartreuse de Mélan

L'abbaye de Mélan, appelée chartreuse de Mélan, est un ancien monastère de l'ordre des Chartreux situé à Taninges en Haute-Savoie; il a accueilli des moniales, puis a été transformé en petit séminaire, en orphelinat départemental et accueille aujourd'hui un pôle départemental d'art contemporain. Le monument est classé au titre des monuments historiques depuis 1911. Installée au sud de la commune sur la plaine alluviale du Giffre, la chartreuse occupe un site qui dépendait autrefois des sires de Faucigny. Le nom Mélan dérive d'un mediolanum d'origine celtique et apparaît sous les formes Mellane (1229) et Melanum (1292); le lieu est mentionné notamment dans le testament d'Agnès de Faucigny en 1262. Le site reposait déjà sur une ancienne villa gallo-romaine, comme l'attestent des fragments de tuiles et des traces de nécropole, et la chapelle primitive avait été édifiée par Agnès de Faucigny et Pierre II de Savoie.

Béatrice de Faucigny décida la fondation d'un couvent de moniales chartreuses en 1282 pour recevoir la dépouille de son fils Jean Ier; l'acte de fondation est daté du 3 juin 1285, les premières religieuses arrivant en juin 1288. L'église fut consacrée le 28 décembre 1290 et la charte de 1292 fixe l'accueil de quarante moniales et sept pères, nombre porté ensuite à cinquante-neuf mais jamais atteint en raison de la capacité des bâtiments. L'ensemble des donations fut confirmé par lettres patentes de l'empereur Rodolphe Ier le 24 septembre 1292.

Au cours du Moyen Âge et de l'époque moderne, la communauté resta modeste malgré des terres importantes, et le monastère subit un incendie en 1528 après lequel le cloître fut reconstruit dans un style gothique tardif. Des travaux de réaménagement furent menés notamment sous l'impulsion de Dom Innocent Le Masson. L'occupation révolutionnaire de la Savoie entraîna en 1793 l'expulsion des religieuses et la vente du domaine comme bien national ; une partie du mobilier et des bâtiments fut inventoriée puis vandalisée pendant l'hiver 1793-1794.

Au XIXe siècle, l'abbé Marin Ducrey racheta le site et y transféra une école secondaire qui devint un petit séminaire en 1809; différentes congrégations assurèrent l'enseignement jusqu'à la séparation des Églises et de l'État en 1905. Le Conseil général de la Haute-Savoie acquit le domaine en 1906 pour y installer une maison départementale de l'enfance, transformée en orphelinat en 1923. Un incendie survenu le 6 mars 1967 fit dix-huit jeunes victimes et détruisit la majeure partie des bâtiments ; seuls l'église, le cloître et quelques édifices extérieurs subsistent. L'ancienne chartreuse abrite désormais un pôle départemental d'art contemporain et accueille des expositions estivales ainsi que des visites commentées patrimoniales proposées par les Guides du patrimoine des Pays de Savoie.

Architectoniquement, l'ensemble conserve des éléments des XIIIe et XVIe siècles : une église rectangulaire de 1290 à nef unique de cinq travées et un cloître gothique reconstruit après 1528. La nef centrale, large de 9,95 m et longue de 31,40 m, est dépourvue de colonnes et éclairée par un triplet de baies au chevet et par des fenêtres hautes et étroites le long des travées ; deux chapelles latérales carrées datent du XIVe siècle. Les travées sont voûtées en croisées d'ogives, séparées par des arcs-doubleaux en moellons de tuf ; des peintures florales et des étoiles polychromes, attribuées au XVe siècle, subsistent sur les voûtes. Le portail occidental, remanié après l'incendie du XVIe siècle, présente une ornementation à voussures et un tympan en arc brisé et permet l'accès des moniales au cloître. Le cloître rectangulaire, en calcaire blanc, se caractérise par des arcades en cintre surbaissé à arêtes moulurées reposant sur des piles carrées.

L'absence de petites maisons individuelles autour du cloître a conduit les moniales à être logées dans une maison collective subdivisée en cellules ; le réfectoire principal mesure 15 m sur 7 m et un second réfectoire, plus petit, était réservé aux converses. L'espace entre l'église, la chapelle et le corridor voûté a servi de cimetière aux religieuses, et le logis des pères présente une disposition en U ouverte vers le nord. Le parc expose douze sculptures contemporaines faisant partie du sentier Art et Nature qui longe le Giffre, et la forêt voisine, propriété départementale, est plantée essentiellement de frênes, d'aulnes blancs et d'épicéas ; elle abrite chevreuils et sangliers et son cours d'eau est labellisé Espace naturel sensible.

Les armes offertes par la fondatrice réunissent celles des Dauphins de Viennois et de la Savoie ancienne ; le sceau du couvent représente Marie debout sur un croissant tenant l'Enfant et la devise relevée est Sigillum Cartusiæ Melani. La chartreuse a fait l'objet d'études récentes et reste, selon certains chercheurs, encore peu exploitée dans l'historiographie des moniales chartreusines, en partie en raison de son isolement. Parmi les prieures qui se sont succédé de l'ouverture de la maison jusqu'à sa fermeture pendant la Révolution figurent Marguerite de Gex (1288-1294 et 1298-1318), Alaysia de Chateauneuf (1295-1298), Marguerite de Falconio (1319-1322), Jeanne de Riddes (1322), Catherine de Luccinge (1322-1347), Jeanne de Cohendiers (1348-1358), Claudine Dufrenay (1360), Hélène Dufrenay (1363), Hélène de Chissé (1371), Éléonore (1395), Isabelle de Dingier (1395-1408), Isabelle de Menthon (1409-1410), Périne de la Croix (1410), Alexia de Menthon (1422), Marguerite de La Frasse (1422-1441), Claudia Chissé (1441), Béatrix de Bonne (1441-1454), Jeannette de Cohendiers (1454-1465), Françoise d'Estanche (1465-1477), Ayma Martin (1477-1480), Joannine de la Croix (1480-1500), Michelette de Chissé (1500-1507), Pantaléone de Cornillon (1507-1510), Amédée d'Amancy (1510-1534), Jeanne de Hardonenche (1534-1539), Sébastienne d'Amancy (1539), Claudia de Thoire (1542-1544), Jeanne de Cornillon (1544-1552), Huguette de Neuvecelle (1552-1555), Hugonie de Thoire (1555-1563), Catherine de Bons (1564), Georgie de Boëge (1571), Georgie de La Frasse (1571-1572), Georgie de la Fléchère (1572-1575), Jeanne-Louise de Boëge (1575-1586), Michelette d'Angeville (1586-1596), Philiberte Martin (1596-1605), Jeanne d'Angeville (1605-1618), Amédée de Crans (1618-1646), Pernette du Foug (1646-1660), Gasparde Saultier de la Balme (1660-1673), Claudine de Boin (1673-1685), Élisabeth-Eugènie Turpin (1685-1690), Péronne Duboin (1690-1732), Marie-Louise Giraud (1732-1733), Marguerite-Thérèse Morand (1733-1764), Marie-Thérèse de Menthon (1765-1781) et Anne-Josèphe Duchesne (1781-1794). Les visites sont libres pendant les expositions temporaires estivales et des visites commentées patrimoniales sont proposées par l'office de tourisme de Taninges.

Devenir actuel

L'ancienne chartreuse, située dans la commune de Taninges, a été transformée en un petit séminaire, puis en orphelinat et aujourd'hui accueille un pôle départemental culturel.

Liens externes