Origine et histoire de la Chartreuse de Montrieux
La chartreuse Notre-Dame de Montrieux, dite Cartusia Montis Rivi, est située à Méounes-lès-Montrieux dans le Var, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Sa chapelle est classée au titre des monuments historiques et les autres vestiges sont inscrits à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques. Les chartreux s'y établirent en 1137 : il s'agit de la huitième maison de l'ordre. Au Moyen Âge, un religieux rapporta d'Orient des graines et plants de styrax aliboufier qu'il planta autour du monastère ; ces arbres, connus des pharmaciens et des botanistes, formèrent autrefois de vastes bois et collines entre Saintes-Maries-de-la-Mer et Fréjus, en passant par Solliès, Signes, La Farlède, Belgentier et Roquebrune. Pierre Pena et Mathias de l'Obel redécouvrirent cette essence à leur retour d'Italie, mentionnée dans Stirpium adversa nova, et elle fut de nouveau relevée au XIXe siècle ; ses fruits servaient à confectionner des chapelets et, incisés, exsudaient une résine blanche parfumée. Vers 1342, Gherardo Petracco, frère du poète Pétrarque, s'installa à Montrieux après la mort de la « Bella Donna » ; Pétrarque lui rendit visite à deux reprises et légua plus tard une somme d'argent au monastère. Lors de la grande peste de 1348, Gherardo refusa de quitter la chartreuse et, seul survivant, se rendit à la Grande Chartreuse où on lui permit de choisir des religieux pour repeupler Montrieux. Pétrarque rapporte aussi une légende fondatrice mettant en scène deux frères génois, l'un commerçant avec l'Orient et l'autre avec l'Occident, dont l'un se serait retiré dans une forêt près de Marseille en attendant la mort. Les frères de Montrieux sont à l'origine, entre autres, de la fondation de la chartreuse Notre-Dame de la Verne. L'édifice de Montrieux fut à plusieurs reprises détruit ; les bâtiments actuels datent des XVIIe et XVIIIe siècles. Abandonné à la Révolution, le monastère fut réoccupé par les moines en 1843, puis expulsé manu militari en 1903 en application de la loi relative au contrat d'association de 1901. La communauté, composée alors de quatorze pères et quatorze frères lais, se réfugia à la chartreuse de la Cervara en Italie ; en 1936 la communauté de la Cervara fusionna avec celle de Montrieux et quitta la Cervara pour la chartreuse de Mougères. Le bâtiment fut ensuite vendu aux enchères à Brignoles. La chartreuse abrita une partie des archives du 2e Bureau (Renseignements et Contre-Espionnage) du 26 novembre 1942 jusqu'à la Libération du Var ; une partie des archives sensibles de la Marine nationale fut détruite le 26 novembre 1942 sur ordre du capitaine de frégate Nomura, exécuté par le capitaine de corvette De Geoffroy. Le comte de Valbelle fut inhumé à Montrieux ; son tombeau, attribué à Christophe Fossati et composé de quatre figures féminines, fut détruit à la Révolution et ses statues dispersées, certaines conservées aujourd’hui en divers lieux comme Sainte-Baume, le tribunal de Draguignan, le musée de Toulon et Fréjus ; le buste attribué à Houdon, retrouvé en 1811, est au musée de Draguignan et deux petits pleureurs se trouvent dans l’église de Méounes-lès-Montrieux. En 2008, la chartreuse était encore occupée par douze moines (sept pères et cinq frères) ; il n'y avait pas de noviciat, les novices étant formés uniquement à la Grande Chartreuse et à la chartreuse de Portes, et la communauté avait été proche, dans les années 1950, de la fondation des Petits Frères de Jésus. Parmi les prieurs et religieux liés à Montrieux figurent Hugues de Miramar (prieur de 1240 à 1243), Gilbert de Launay (décédé en 1609), Louis de Lauzeray, Joseph de Martinet, Timothée Arnould-Fleury, Michel Goyat dit frère Gilles, Louis Chastenet de Géry (Bernard) et Marcellin Theeuwes, prieur de 1983 à 1997 et prieur général de l'ordre de 1997 à 2012, décédé à Montrieux en 2019. La protection juridique du monument précise que la chapelle a été classée par arrêté du 25 février 1980 et que les vestiges de l'ancienne abbaye, hors partie classée, ont été inscrits au titre du même arrêté ; sont également classés comme objets mobiliers l'autel, les gradins d'autel et le tabernacle.
