Origine et histoire du Château d'eau-marégraphe
Situé sur la rive droite de la Seine, quai de Boisguilbert à Rouen, cet ensemble associe un château d'eau dit marégraphe et deux hangars portuaires, près du pont Guillaume‑le‑Conquérant. La tour, construite en 1885 par l'architecte Lucien Lefort, est le premier exemplaire de ce type réalisé par lui à Rouen. Édifiée en brique industrielle avec décors en silex et calcaire, elle est coiffée d'une toiture pyramidale et présente une ornementation riche caractéristique de l'éclectisme régional, mêlant influences troubadour et néo‑classiques. Les façades et les toitures ont été inscrites au titre des monuments historiques en 1997 et l'édifice a fait l'objet d'une restauration complète en 2009 ; à l'intérieur, aucun élément de machinerie ne subsiste. Initialement conçu pour fournir l'énergie hydraulique aux nouvelles grues du port, le bâtiment n'a reçu son horloge et son marégraphe qu'en 1893. Le cadran visible sur la face sud, divisé en quatre par des lignes blanches, porte les mentions PM et BM pour pleine mer et basse mer, des repères 1/2 pour la demi‑marée, et une aiguille rouge tournant dans le sens horaire. Le remplissage du réservoir était assuré d'abord par une machine à vapeur ; un couvercle de fonte flottant au sommet permettait la redistribution de l'eau à la demande vers les grues. L'eau était ainsi accumulée et comprimée jusqu'à 53 atmosphères grâce à un cylindre en fonte de 60 tonnes guidé par deux rails internes. Le hangar n°3, modèle rive droite daté 1884‑85, a été reconstruit vers 1900 sous la forme d'un bâtiment à claire‑voie ; sa structure métallique en poutrelles et grilles a été modifiée sans doute avant 1914, l'auvent côté Seine ayant été arasé et un remplissage en brique sud venant fermer la construction. Le hangar n°2, quant à lui, a été édifié après 1918 et présente une structure métallique avec remplissage de brique. Une plaque commémorative apposée en 1918 rappelle Robert Fulton, ses premières expériences en 1800 à Bapeaume avec le Nautilus — construit aux chantiers Perrier de Rouen — et témoigne d'un remerciement aux États‑Unis pour leur participation au premier conflit mondial.