Origine et histoire du Château de Blosset
Le château de Blosset, situé à Vignoux‑sur‑Barangeon (Cher), est une demeure privée du XVIIIe siècle, inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques et ouverte au public lors des Journées du Patrimoine et sur rendez‑vous. Il occupe l'emplacement de la seigneurie médiévale de Bourdeille, attestée à la fin du XIVe siècle, où une maison forte contrôlait le franchissement du Barangeon sur la route royale entre Bourges et Paris. Au XVIe siècle, la seigneurie appartenait à la famille Fumé, liée aux troubles religieux de l'époque ; le château, situé sur la ligne de front entre réformés et catholiques, fut investi en septembre 1589 par les troupes de la Ligue mais échappa à la destruction. Vers 1631, Bourdeille entra dans le patrimoine des Fradet de Saint‑Aout ; Jean Fradet fut élevé au rang de baron de Bourdeille et son fils Louis‑Armand, lieutenant général du Berry, trouva la mort pendant les guerres de Hollande en 1675, événement évoqué par la marquise de Sévigné dans sa correspondance. En 1739 la baronnie passa à Claude‑Gabrielle de Champagneux, qui, pour assurer l'avenir de sa fille, lança des travaux dont la continuation et l'achèvement sont dus à son gendre, Paul de Blosset, ministre plénipotentiaire puis ambassadeur de Louis XV. Le site, jusqu'alors constitué d'un grand manoir en U entouré de douves, cantonné de quatre tours rondes et flanqué de bâtiments rustiques formant la basse‑cour, fit l'objet d'une première campagne de modification au milieu du XVIIIe siècle, puis d'une transformation radicale vers 1771 sous l'impulsion de Paul de Blosset. Les travaux, conduits d'après les plans de l'architecte Christian Joseph Zuber (dont la graphie Züber paraît également attestée), comprirent le comblement des douves, la création de façades et de pavillons typiques du XVIIIe siècle, la reconstruction symétrique des communs pour monumentaliser l'entrée et la canalisation du Barangeon afin d'aménager de vastes jardins à la française en terrasses. La baronnie, qui s'étendait alors sur près de 5 000 hectares, fut érigée en marquisat de Blosset par Louis XV ; Paul de Blosset céda par la suite ses fiefs nivernais à son cousin, Pierre‑Constant, marquis de Certaines de Villemolin. Le domaine traversa la Révolution sans dommages notables ; au début du XIXe siècle, le préfet Barral le qualifiait encore de « la plus belle propriété du département du Cher ». Les décennies suivantes marquèrent un déclin : repris à la Restauration par le comte Philibert d'Estut d'Assay, morcelé puis vendu en 1843 à la comtesse de Villemotte, le domaine connut des usages variés — hôpital militaire en 1870, usine pharmaceutique au début du XXe siècle — et perdit au XXe siècle la majeure partie de son parc, une aile des communs et sa chapelle. Un incendie accidentel en 1997 détruisit la quasi‑totalité du bâti ; depuis plus de dix ans les propriétaires mènent une restauration importante visant à restituer le château et son parc dans l'état du XVIIIe siècle. Le château de Blosset reste l'un des rares exemples de demeure du XVIIIe siècle en Sologne, inscrit le 19 décembre 1995 à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, qui précise notamment la place de la basse‑cour, la chaussée la reliant à l'entrée, les deux ponts, l'enclos ainsi que les façades et toitures restantes.