Période
XIVe siècle, XVe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle, XXe siècle
Patrimoine classé
Le domaine en totalité, soit le château et le parc avec toutes les constructions qui s'y trouvent (la ferme et ses deux annexes, la remise, le lavoir, les écuries, l'orangerie, la maison du gardien, la maisonnette, la tombe de l'écrivain et tous les murs, murs de soutènement et mur de clôture du domaine) ainsi que les parcelles A 472 à 474, 477, 479 et 775 sur lesquelles ils sont situés : inscription par arrêté du 6 février 2014
Origine et histoire du Château de Brangues
Le château de Brangues, dit Domaine Paul Claudel, est mentionné pour la première fois en 1351; la maison forte d'origine s'élevait alors dans la partie nord de l'édifice actuel. Il se situe sur la commune de Brangues, dans le nord de l'Isère, proche du département de l'Ain, à 225 mètres d'altitude, sur une hauteur à l'orée du village, non loin du Rhône et à distance comparable de Grenoble, Lyon et Genève. Le territoire communal est à l'écart des grandes voies : l'autoroute A43 est la plus proche et plusieurs sorties permettent de rejoindre le château par des routes départementales. L'édifice, inscrit aux monuments historiques par arrêté du 11 mars 1964 et mis à jour le 6 février 2014, a été largement remanié aux XVIIe et XVIIIe siècles en réemploi d'éléments médiévaux. La construction initiale fut entreprise par la maison des Rossillon au XIVe siècle; au XVe siècle Louis XI déposséda cette famille et remit les terres à Imbert de Baternay, qui fit élever l'aile est et une tour en poivrière. Diane de Poitiers, descendante des Baternay, a possédé quelque temps les terres de Brangues et du Bouchage. En 1609 la famille Gratet du Bouchage acquit le domaine et fit bâtir les ailes sud et ouest; le domaine passa ensuite au marquis de Quinsonnas en 1830, puis à la famille Virieu à partir de 1856. L'écrivain Paul Claudel acheta le domaine en 1927 pour y passer ses étés; il s'y installa définitivement après la fin de sa carrière diplomatique en 1936 et y demeura jusqu'à sa mort en 1955, date à laquelle il fut inhumé au fond du parc conformément à son vœu. En raison des transformations successives, le plan du château présente aujourd'hui une forme atypique en « P » : trois ailes dessinent une cour trapézoïdale, cantonnée au nord‑est par une grosse tour ronde du XIVe siècle aux murs épais. Dans la partie nord subsistent d'autres vestiges des XIVe et XVe siècles. L'intérieur conserve des éléments de mobilier évoquant la carrière diplomatique de Claudel en Chine, à Prague et à Bruxelles, et le bureau de l'écrivain a été laissé en l'état. Le domaine comprend des communs — lavoir, anciennes écuries, maison de gardien — ainsi qu'un pavillon qui servait d'orangerie en bordure de l'allée menant au château. La façade remaniée et l'ensemble s'ouvrent sur un parc d'environ dix‑sept hectares planté d'arbres anciens, de prés et d'un verger; la grille actuelle a été réalisée en 1845 pour Baudet de Groslée. La tombe de Paul Claudel, protégée par l'ombre d'un peuplier planté par Jean‑Louis Barrault, porte l'épitaphe : « Ici reposent les restes et la semence de Paul Claudel. » Propriété privée toujours habitée par les descendants de Paul Claudel, le château n'est ouvert au public que lors des Journées du patrimoine; la tombe est toutefois accessible. Lors de ces visites, le bureau de l'écrivain, sa bibliothèque et le portrait d'Arthur Honegger peuvent être présentés au public. Le site a accueilli les rencontres de Brangues (1976‑2001) puis les nouvelles rencontres de Brangues. Le nom et le cadre du château ont inspiré des commentateurs à rattacher à Brangues le décor d'un roman de Stendhal, qui le 28 décembre 1827 prit connaissance de « l'affaire Berthet », fait divers local qu'il utilisa pour Le Rouge et le Noir. Paul Claudel reçut à Brangues des personnalités comme le président Édouard Herriot et l'écrivain François Mauriac; il évoque sa terre dans Les Œuvres en Prose publiées chez Gallimard, avec le passage cité au sujet de Brangues.