Origine et histoire du Château de Brécy
Le château de Brécy se dresse à Saint-Gabriel-Brécy, dans le Calvados en Normandie ; il est partiellement classé aux monuments historiques. Au XIIe siècle, Richard Ier est le quatrième baron du fief de Brécy. Une communauté religieuse semble avoir occupé le domaine bien avant le XVIIe siècle. Le bâtiment d'habitation actuel est construit en 1620. Vers 1640, Jacques Lebas, seigneur de Cambes et magistrat à Caen, rachète la propriété et transforme le manoir en demeure de prestige vers 1650. Le jardin et ses terrasses sont aménagés entre 1650 et 1675. La propriété reste dans la même lignée jusqu'à la mort de Pierre-Jacques le Bas, chanoine de la cathédrale de Bayeux, en 1755, puis passe aux familles Levaillant, de Bernières et d'Angerville. Au début du XIXe siècle, des fermiers occupent le château pendant plus d'un siècle ; les vergers remplacent les jardins et la cour d'honneur devient une cour de ferme. En 1827, la résidence est vendue à Madame Le Creps, qui ne fréquente Brécy que pour la chasse, et les murs et sculptures sont négligés jusqu'à l'achat du domaine vers 1913 par la comédienne Rachel Boyer. À sa mort en 1935 le domaine retombe dans l'abandon. En 1955, Jacques de Lacretelle et son épouse Yolande Jacobé de Naurois reprennent la propriété : ils plantent le parterre de broderies, installent des topiaires et creusent les bassins ; l'écrivain décrira Brécy comme « Des atours de princesse italienne jetés sur les épaules d'une petite paysanne normande ». Didier et Barbara Wirth poursuivent les travaux de restauration et d'embellissement du jardin et du paysage à partir de 1992.
Le portail monumental, daté du XVIIe siècle et richement sculpté dans le style Louis XIII, ouvre sur une cour fermée par deux bâtiments perpendiculaires à l'habitation ; il comporte une grande porte charretière flanquée de deux portes piétonnes. La porte centrale en plein cintre est encadrée de pilastres aux chapiteaux ioniques, surmontée d'un entablement orné de motifs végétaux et d'une corniche à denticules et oves ; le fronton, décoré des mêmes motifs, a vu son écusson armorié gratté pendant la Révolution. Les deux portes latérales à linteau droit reprennent des décors similaires et sont coiffées d'une sculpture représentant un lion bicéphale ; les murs de part et d'autre sont rythmés par des pilastres surmontés de pots à feu.
Le corps de logis du XVIIe siècle s'élève sur deux niveaux ; un perron conduit à la porte d'entrée encadrée de pilastres et surmontée d'un entablement à triglyphes et d'un fronton demi-circulaire. Le toit est percé de cinq lucarnes alignées sur les baies inférieures et la travée centrale est dominée par un lanternon remonté au XXe siècle ; la façade sud, similaire, est de plain-pied. À l'intérieur, de belles cheminées de pierre reprennent des décors en rapport avec ceux des jardins. Deux grands bâtiments perpendiculaires ferment la cour qui donne sur la route.
Le jardin mêle influences médiévales et Renaissance italienne tout en annonçant le jardin classique français ; longtemps attribué à Mansart, il est l'un des rares exemples de ce type en France. Quatre terrasses successives, bordées de murets et de balustrades à l'italienne, s'élèvent derrière la maison au-dessus de parterres de broderies ; deux bassins ornés de sculptures d'artichauts occupent la deuxième terrasse. La rigueur de la composition est tempérée par la variété des topiaires et la profusion d'ornements – grands vases, lions et autres sculptures –, tandis que deux pavillons du XVIIIe siècle ponctuent symétriquement l'extrémité du jardin. Onze escaliers de pierre mènent jusqu'à une grille en fer forgé qui se détache sur le ciel ; cette grille, très semblable à celle du château de Carrouges, est attribuée à Isaac Geslin ou à un de ses élèves. L'église Notre-Dame, du XIVe siècle, est attenante et accessible par une petite porte ; à quelques mètres se trouve un bassin dont l'eau était, selon la légende, réputée guérir les yeux au Moyen Âge. Le jardin bénéficie du label « Jardin remarquable » et est ouvert à la visite sous conditions.
Au titre des monuments historiques, le portail formant entrée de la cour, les façades du corps de logis ainsi que les dispositions architecturales et décoratives du jardin sont classés par arrêté du 26 septembre 1903 ; l'intérieur du château l'est par arrêté du 21 février 1914 ; le mur de clôture et les deux pavillons isolés du jardin sont classés par arrêté du 13 mai 1925.