Origine et histoire du Château de Châlucet
Les ruines du château de Châlucet, dit aussi Chalusset, s’élèvent sur un éperon rocheux d’environ 400 mètres dominant la confluence de la Briance et de la Ligoure, à cinq kilomètres au nord de Saint-Jean-Ligoure et à une dizaine de kilomètres au sud de Limoges, en Haute-Vienne. Le site regroupe un castrum fondé vers 1130, appelé Bas‑Châlucet, et un château neuf construit dans le dernier tiers du XIIIe siècle, nommé Haut‑Châlucet. Selon certaines sources, l’ensemble aurait été bâti par l’évêque Eustorge au XIIIe siècle. Géraud de Maulmont transforma la petite forteresse fondée par les Bernard de Jaunhac en un important château fort et fit évoluer Haut‑Châlucet à partir de 1270. Le monument passa au roi en 1306, qui le remit à Henri de Sully, puis subit plusieurs attaques au cours de la guerre de Cent Ans, notamment un assaut des Anglais en 1369 et une prise par ruse en 1376, utilisée ensuite par des routiers jusqu’en 1394. Pendant les guerres de Religion, il servit de refuge aux huguenots; les bourgeois de Limoges obtinrent son démantèlement en 1593 et, en 1594, une équipe d’ouvriers dépêchée par les consuls de Limoges provoqua sa ruine partielle. Le site a fait l’objet de fouilles dans les années 2000, conduites notamment par Patrice Conte.
Classées monument historique depuis la liste de 1875, les ruines sont propriétés du conseil départemental de la Haute‑Vienne depuis 1996, qui a engagé un vaste programme de sauvegarde et de mise en valeur accompagné de campagnes de restauration depuis 1990. Le plan général de la forteresse est trapézoïdal; Haut‑Châlucet, situé au sommet de l’éperon, présentait un grand quadrilatère de courtines armé de tours cylindriques des XIIIe et XIVe siècles, avec un donjon roman au centre. Le Bas‑Châlucet occupe les terrasses inférieures et conserve la tour Jeannette, donjon roman carré, ainsi que les vestiges d’un habitat proto‑urbain constitué de maisons et de caves, qui accueillait vingt à trente chevaliers lorsque l’habitat se développa au XIIIe siècle.
La tour Jeannette, datée de la fin du XIIe-début du XIIIe siècle, est un donjon défensif renforcé et aménagé récemment avec une plate‑forme et un escalier métallique qui permettent d’accéder au belvédère offrant une vue sur le Bas‑Châlucet et la façade nord du Haut‑Châlucet. Le donjon principal est décrit comme présentant un plan carré avec un éperon triangulaire. Dans le Haut‑Châlucet, des consolidations ont été réalisées, la façade nord a été dégagée du lierre et des étayages soutiennent le mur de la chapelle menacé; des campagnes de fouille et de consolidation ont été programmées. Haut‑Châlucet n’est pas visitable dans son intégralité, mais une passerelle métallique offre une vue sur la cour intérieure.
L’intérêt du site tient à la fois à ses vestiges architecturaux et à son rôle dans l’histoire locale. Une association locale a œuvré pour sa sauvegarde et pour la transmission des résultats d’étude, tandis que le département a acquis le domaine et le parc forestier qui l’entoure afin d’en faire un lieu culturel et touristique. Le château est accessible gratuitement, doté d’un circuit touristique et de panneaux explicatifs; l’ascension de la tour Jeannette n’est possible que lorsqu’une personne du site est présente et, en été, toute la journée.