Origine et histoire du Château de Commarin
Le château de Commarin se situe sur la commune de Commarin, près de Châteauneuf, en Côte-d'Or (Bourgogne-Franche-Comté), à 40 km à l'ouest de Dijon. Il est classé au titre des monuments historiques depuis le 21 septembre 1949. À l'emplacement d'une ancienne villa romaine, une maison forte existe dès le XIIe siècle; le château du XIVe siècle a laissé les douves et deux tours rondes. Jacques de Cortiambles, chambellan de Philippe le Hardi, transforme au début du XVe siècle la fortification en une enceinte carrée cantonnée de tours rondes, entourée de douves et précédée d'une basse-cour; de cette époque subsistent deux tours rondes et une chapelle voûtée d'ogives. Au XVIe siècle, la chapelle reçoit des décorations et un triptyque pour Girard de Vienne, et une série de tapisseries héraldiques et alchimiques est installée. Au début du XVIIe siècle, Charles Ier de Vienne rebâtit l'aile est, abat l'aile nord et fait ériger en 1622–1623 une grande écurie et deux pavillons aux angles de la basse-cour; le portail d'accès de cette basse-cour est transféré au XIXe siècle à l'entrée des communs. De 1702 à 1713, l'architecte dijonnais Philippe Paris reconstruit le corps principal et l'aile ouest après l'effondrement d'une tour d'angle sud; les tours du côté sud sont détruites et les enceintes fortifiées supprimées. En 1717, Charles II de Vienne et Anne de Chastellux comblent le fossé entre le logis et la basse-cour et font édifier un petit pavillon entre la tour nord-est et l'écurie. L'écurie est reconstruite en 1744 par l'entrepreneur Edme Nicolas Machureau pour Marie-Judith de Vienne, qui entreprend ensuite des travaux d'entretien et de décoration intérieure. Au XIXe siècle, le jardin régulier cède la place à un parc à l'anglaise, la chapelle est restaurée entre 1851 et 1854, et le décor intérieur est modifié dans les années 1850–1860 par des artisans parisiens sur les plans de l'architecte Dusillon, qui rebâtit également l'écurie. Le château a donc été reconstruit aux XVIIe et XVIIIe siècles tout en conservant des éléments des XIVe et XVe siècles. Le bâtiment présente une ordonnance régulière d'inspiration classique : un corps de logis central au fronton richement décoré est flanqué de deux ailes — dite Louis XIII à l'est et Louis XIV à l'ouest — chacune terminée par une grosse tour ronde du XIVe siècle. Une écurie prolonge l'aile est et l'ensemble est ceint de larges douves prolongées de deux pièces d'eau. Le domaine comprend un parc à l'anglaise de cinq hectares, de beaux communs et de larges perspectives. L'intérieur se distingue par un mobilier et des décors des XVIIe et XVIIIe siècles qui témoignent des familles qui ont habité le lieu, et la collection de tapisseries héraldiques et alchimiques du XVIe siècle y est particulièrement remarquable. L'iconographie extérieure comporte un écu aux armes des Vienne et des Fauche de Domprel surmontant la porte de l'aile est, un haut-relief de cheval, un aigle héraldiquement associé à la famille de Vienne, des niches à bustes à l'antique dans l'escalier et une licorne en ronde-bosse près de la porte d'entrée. La porte cochère, en plein cintre, s'inscrit entre deux travées de colonnes encadrant une niche concave; ces colonnes portent un fronton triangulaire interrompu par un édicule à fronton cintré surmonté de l'aigle des Vienne, et la devise familiale "Tout bien à Vienne" est gravée sur la frise de l'entablement. Le château a appartenu successivement aux familles de Cortiambles, Jaucourt de Dinteville, Vienne, Damas d'Antigny puis Vogüé; il a échappé aux guerres et aux pillages de la Révolution et n'a jamais été vendu. Pierre de Commarin, dernier héritier direct de la lignée originelle, mourut en 1346 sans héritier; le domaine passa ensuite à Jean Ier de Cortiambles, puis par alliances successives aux familles citées. Le château conserve ainsi, dans son architecture et ses collections, la mémoire des familles qui l'ont façonné au fil des siècles.