Origine et histoire du Château de Coucy
Le château de Coucy est un ancien château fort et résidence seigneuriale élevé à partir du XIIIe siècle ; ses ruines se dressent sur la commune de Coucy-le-Château-Auffrique, dans l'Aisne (Hauts-de-France). Les vestiges font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis la liste de 1862. Un premier château est mentionné dès le Xe siècle et la chapelle de la basse-cour remonte au XIIe siècle. Entre 1225 et 1250, Enguerrand III ordonne la construction du gros œuvre du château dont les ruines forment encore l'armature principale du monument. Viollet-le-Duc comparera plus tard le donjon de Coucy aux plus grosses tours connues, soulignant son caractère exceptionnel. À la fin du XIVe siècle, sous Enguerrand VII, l'édifice est restructuré et enrichi pour mieux répondre au confort princier, avec l'aménagement de vastes salles et d'un palais de style gothique. Entre 1400 et 1407, Louis d'Orléans fait réaménager le château, sous la direction de l'architecte Jean Aubelet, et les cuisines ducales sont construites au début du XVe siècle contre la courtine de la basse-cour. François Ier apporte à son tour des aménagements en 1532. Pendant la Fronde, des mines royales endommagent fortement le château en 1653, puis la forteresse sert de carrière après la Révolution. Un tremblement de terre fissure le donjon en 1692. Au XIXe siècle, le site passe entre des mains privées puis à l'État ; des travaux de consolidation sont entrepris, dont des interventions de Viollet-le-Duc destinées à sécuriser les visites. Occupée par les armées allemandes pendant la Première Guerre mondiale, la forteresse est gravement détruite lors du repli allemand et le donjon, en particulier, est dynamité le 27 mars 1917 ; les charges placées dans le donjon et les tours causent la ruine de ces élévations et la dispersion d'un important volume de pierres cerclées de barres métalliques. Aujourd'hui les ruines font l'objet de restaurations et de fouilles archéologiques, qui ont notamment mis au jour, entre 2018 et 2020, les cuisines ducales du début du XVe siècle ; le site est ouvert à la visite. Le château occupe l'extrémité d'un éperon calcaire dominant les vallées de l'Oise et de l'Ailette, séparé du bourg par un fossé d'environ 50 mètres de large. Bâti au début du XIIIe siècle, il comprenait trois enceintes successives : une vaste enceinte urbaine, la basse-cour et, en bout d'éperon, l'enceinte castrale dominée par le donjon ; l'ensemble couvrait quelque quatorze hectares. Après la porte de maître Odon, la basse-cour s'offre au visiteur, flanquée de tours rondes et traversée par la chapelle placée en travers du chemin entre ville et château. Le château proprement dit forme un trapèze irrégulier flanqué de quatre tours circulaires aux angles ; ces tours, d'environ 20 mètres de diamètre avec des murs de 5 mètres d'épaisseur et plus de 40 mètres de hauteur, comportaient chacune trois étages voûtés sur sous-sol, des archères et des hourds, et étaient équipées de cheminées et de latrines. Elles étaient reliées par une courtine presque aussi haute qu'elles, épaisse d'environ 3 mètres et étayée intérieurement par des contreforts liés par des arcs en tiers-point ; les logis s'appuyaient sur cette courtine autour d'une cour intérieure. Le donjon cylindrique, placé en saillie du côté de l'attaque, mesurait 31,25 mètres de diamètre, présentait un mur de base de 3,45 mètres d'épaisseur et s'élevait à 54 mètres de haut ; il était isolé par un profond fossé et accessible par un pont-levis, ce qui en faisait, jusqu'en 1917, l'un des plus imposants d'Occident. La salle des Preux, longue de 60 mètres sur 15, fut couverte sous Enguerrand III puis enrichie par Enguerrand VII ; elle doit son nom aux neuf statues de Preux qui l'ornaient et représentaient des figures bibliques et historiques telles que David, Judas Macchabée, Josué, César, Alexandre, Hector, Charlemagne, le roi Arthur et Godefroi de Bouillon. Le site comprenait également plusieurs tours (Jacquet, de l'Avoine, de l'Ouest, de l'Artillerie), le logis seigneurial, la chapelle seigneuriale, les cuisines, les caves et un puits profond de 64,50 mètres. Une promenade aménagée le long des remparts permet d'apprécier l'architecture et la topographie du lieu ; le site accueille par ailleurs animations médiévales, spectacles et chantiers de bénévoles consacrés à la taille de pierre, à la maçonnerie traditionnelle, à la forge et à la sculpture.