Château de Hautségur à Meyras en Ardèche

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Maison forte

Château de Hautségur

  • D'Authsegur
  • 07380 Meyras
Château de Hautségur
Château de Hautségur
Château de Hautségur
Château de Hautségur
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Château de Hautségur
Château de Hautségur
Château de Hautségur
Crédit photo : Celeda - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIe siècle

Patrimoine classé

Château de Hautségur : inscription par arrêté du 13 janvier 1937

Origine et histoire du Château de Hautségur

Le château de Hautségur, privé et situé à Meyras (970 impasse de Hautségur), tire ses origines d’une tour de guet du XIIe siècle, en partie démolie pendant les guerres de Religion puis rebâtie au XVIe siècle. Perché au‑dessus de la vallée de l’Ardèche et en vis‑à‑vis du hameau de Barutel, il occupe un emplacement stratégique sur une voie romaine reliant Meyras à Neyrac. Inscrit à l’Inventaire des monuments historiques en 1937, il a été inhabité pendant de longues années et a appartenu à de nombreux propriétaires avant d’être racheté en février 2010 par Patricia Demangeon, qui entreprend sa restauration. Le site a porté au fil des siècles des noms variés (Ruppesegura, Altasegura, Rochesegure, Haut Segure), témoignant de son importance locale. Jusqu’à l’ouverture des routes modernes, Meyras constituait un nœud de communications entre plusieurs vallées, ce qui renforçait le rôle de poste de guet du château ; les Romains avaient d’ailleurs établi un camp avancé à Champagne pour contrôler les défilés de la montagne.

Les origines précises du château restent mal connues, mais il paraît avoir évolué, comme la plupart des fortifications voisines, à partir d’un donjon central défensif entre le XIIe et le XIVe siècle, puis par adjonction de tours et de courtines. Cette évolution a permis d’abriter provisoirement la population et le bétail dans une basse‑cour, tandis que le seigneur se réfugiait dans le donjon qui protégeait aussi les réserves et le trésor. À une époque plus tardive, l’ensemble fut adapté à un confort de résidence : larges ouvertures, cheminées, escaliers et salles d’apparat remplacèrent progressivement le seul dispositif militaire.

La famille de Langlade, documentée dès 1414, a joué un rôle important dans l’histoire du château. Divers membres sont attestés aux XVIe et XVIIe siècles, notamment Gabriel de Anglata (notaire, 1498), un Jean de Langlade ayant reçu des lettres patentes de noblesse, et François de Langlade, qui fut nommé rentier général du duc de Ventadour en 1568 et acquit Hautségur ainsi que d’autres terres. François acheta la seigneurie des Eperviers en 1591 ; la cession fut définitivement réglée en 1593. À sa mort en 1597, son fils Jean lui succéda et son descendant Scipion realiza des cessions de rentes en 1625. La maison forte de La Croizette, appartenant aux Langlade protestants, fut rasée lors des affrontements de 1626. Par mariages et transmissions, les possessions passèrent ensuite aux Chanaleilles ; en 1752 ces derniers vendirent Hautségur à Jean Neyrand, dont les descendants le conservèrent jusqu’en 1892. Après de nombreux propriétaires, le château, longtemps morcelé, a été réuni en 2012, ce qui a permis d’engager une remise en valeur.

Le logis se présente sous la forme d’un massif corps carré flanqué à l’ouest d’une tour ronde et d’une tourelle d’escalier ; les quatre angles sont pourvus de petites poivrières portées par des corbeaux en vaugnérite. Au rez‑de‑chaussée, la base du donjon est occupée par une vaste salle voûtée d’environ 100 m2, d’abord conçue comme « salle d’hommes » puis transformée en cuisine avec une grande cheminée. Depuis cette salle on accède à un escalier à vis construit autour d’un pilier central qui dessert deux étages d’appartements, le grenier et le belvédère ; la communication entre la salle et l’escalier est liée à des percements datés de 1597 et 1598, inscrits sur des linteaux.

L’accès aux étages s’effectue par un portail extérieur richement décoré, chef‑d’œuvre sculpté du château avec les cheminées intérieures. Le linteau porte une inscription latine tirée du Psaume 126 — NISI DOMINUS AEDIFICAVEIT DOMUM IN VANUM LABORAVERUNT QUI AEDIFICANT EAM — que l’on peut traduire par : « Si ce n’est au nom du Seigneur qu’a été bâtie cette maison, ceux qui l’ont édifiée ont travaillé en vain. » Dans la marge figure en chiffres romains M CXXVI, probablement référence du verset plutôt qu’une date. Le 1er étage comporte deux grandes salles d’apparat dont les plafonds ont révélé, après nettoyage, des restes de décor peint en rouge ; chacune des deux extrémités est pourvue d’une cheminée de style Renaissance harmonieusement liée au portail.

Une autre inscription gothique de sept lignes, encastrée dans la face nord de l’échauguette ouest, reste difficile à lire ; A. V. J. Martin a proposé une transcription partielle (...) OST FECIT DOMUM et suggéré pour la conclusion QVOD FAUSTUM STET (« qu’elle demeure heureuse »). L’escalier à vis se termine par un élégant dispositif en « parasol » ou « palmier », s’évase autour d’une colonnette tronconique et porte un chapiteau de même style que le portail et les cheminées ; cet élément, rare et remarquablement conservé, trouve des parallèles locaux cités par les auteurs.

Dans l’ensemble, malgré des remaniements, l’édifice conserve un bel état de conservation et demeure un témoin significatif de l’architecture militaire et de la transition vers des aménagements résidentiels de la Renaissance dans la région.

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