Origine et histoire du Château de Jouffroy-d'Abbans
Le château d'Abbans, dit château de Jouffroy‑d'Abbans, est un château fort du XIIIe siècle situé à Abbans‑Dessus dans le Doubs et classé au titre des monuments historiques. Édifié sur un éperon rocheux dominant la vallée du Doubs, il semble avoir succédé à un castrum romain. La maison forte primitive a été construite par les seigneurs d'Abbans, dont les origines remontent au IXe siècle. Après un incendie, la propriété a été reconstruite au XIIe siècle; le donjon, formé de deux tours et de plan quadrangulaire, daterait de cette époque. D'autres éléments du château remontent aux XIVe et XVIe siècles, et quelques parties ont été aménagées ou modernisées aux XVIIe et XVIIIe siècles, le corps de logis ayant été remanié au milieu du XVIIIe siècle. À la fin du XIIIe siècle, Philippe d'Abbans partagea la seigneurie entre ses fils : Guillaume reçut la moitié du bourg et le « château derrière », Richard la partie voisine et fit édifier le « château devant ». La fille de Richard transmit son héritage à Jean de Chalon‑Arlay en 1290. En 1484, Jacques Jouffroy devint propriétaire d'Abbans‑derrière en épousant Anne de Joux. En 1718, le marquis Claude‑François de Jouffroy d'Abbans acquit Abbans‑devant, alors en ruine, et entreprit des travaux de réhabilitation. C'est à son fils Claude‑Jean‑Eugène que l'on doit l'aspect actuel du château, qui fut ensuite la résidence de Claude‑François‑Dorothée de Jouffroy d'Abbans. L'inventeur Claude de Jouffroy d'Abbans (1751‑1832) passa une grande partie de sa jeunesse dans ce château et y conçut en 1776 l'un de ses premiers bateaux à vapeur. Le domaine appartient depuis cinq siècles aux descendants de la famille Jouffroy d'Abbans. Le rez‑de‑chaussée conserve des boiseries dites « Louis XI » et la galerie ainsi que la grande salle sont ornées de portraits des XVIIe et XVIIIe siècles représentant notamment les marquis de Jouffroy d'Abbans et Anne de Joux; un portrait du cardinal Jouffroy est placé au‑dessus d'une cheminée. Le parc présente un alignement de tilleuls âgés de plus de deux siècles et deux cèdres du Liban plantés au début du XXe siècle. Les deux tours carrées formant le donjon ont été inscrites à l'Inventaire des monuments historiques en 1954. La plateforme, le corps de logis, les bâtiments des communs, le cabanon de jardin et le jardin ont été inscrits au titre des monuments historiques le 7 août 1992. Le donjon et la galerie de portraits du rez‑de‑chaussée font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 5 juillet 1993.