Origine et histoire du Château de Landreville
Le château de Landreville, ancienne maison forte du XVIe siècle située à Bayonville (Ardennes, Grand Est), est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 12 août 2006 et accueille aujourd'hui des chambres d'hôtes. La châtellenie est attestée dès le XIIe siècle ; un premier château fut édifié au début du XIVe siècle et l'édifice actuel a été restructuré au milieu du XVIe siècle, la date de 1567 figurant sur l'une des cheminées. Après l'incendie des intérieurs lors de l'occupation par l'armée de Charles Quint en 1552, Pierre de Maillart entreprit le réaménagement du logis et vint y habiter avec Guillemette de Beauvais dans les années 1570. Le lieu a appartenu à plusieurs familles seigneuriales, parmi lesquelles les Landreville, Issenart, Grandpré, Chennery, Beauvais, Maillart et Meixmoron ; un portrait de Claude-François de Maillard, premier marquis de Landreville, a été peint par Nicolas de Largillierre vers 1735. La tradition locale évoque aussi la légende de la « Dame Blanche » et le souvenir de Jean Colin-Maillard, chevalier de Huy aveuglé au combat en 1017, d'où serait née la coutume du jeu de colin‑maillard. Une sculpture en pierre, conservée sur une cheminée monumentale du premier étage, représente Johan Coley Maillard et sa femme Jeanne de Seilles, attestant la présence de la famille depuis le XIVe siècle.
L'édifice présente un plan rectangulaire flanqué de quatre tours circulaires en poivrières, configuration habituelle depuis le XVe siècle, et reste entouré de douves en eau visibles sur trois côtés. Les tours comportent des ouvertures de tir rectangulaires sur trois niveaux, dont certaines conservent la barre d'appui destinée à stabiliser les armes. La porte d'entrée est ornée d'un bossage vermiculé et de statuettes d'atlantes, décor caractéristique de la Renaissance française après 1550, et surmontée des trois blasons des anciens seigneurs. L'étage inférieur est entièrement voûté en pierre avec des nervures de section rectangulaire ; dans la cuisine, ces nervures retombent sur un pilier isolé au centre de la pièce. Une des tours abrite l'escalier à vis qui met en communication les niveaux ; chaque étage comprend deux pièces dotées de plafonds « à la française » et de cheminées, dont deux ont été partiellement modifiées au XIXe siècle. Les bâtiments entourant le château sont plus récents : le pavillon du régisseur porte la date de 1773, un bâtiment symétrique est un ajout de la fin du XIXe siècle et les communs situés à l'entrée sud‑ouest ont été détruits à la même époque. Implanté dans un parc d'environ six hectares, avec communs, écuries et pavillons, le château de Landreville constitue un témoignage rare et relativement bien conservé de l'habitation seigneuriale ardennaise de la période pré‑renaissance, qui a fait l'objet de travaux de restauration menés par les services des monuments historiques et par ses propriétaires.
