Origine et histoire du Château de Léran
Le château de Léran, sur la commune de Léran (Ariège), se situe au nord du village, près du Touyre, dans le pays d'Olmes et à environ deux kilomètres à l'ouest du lac de Montbel. À l'origine forteresse, il est attesté dès 1163 et, au XIIIe siècle, présenté comme composé de trois tours adaptées aux irrégularités du terrain; il joua un rôle de poste de défense proche du château de Montségur, dernier réduit de l’armée albigeoise. Son histoire est étroitement liée à la maison de Lévis : la seigneurie fut attribuée à Guy Ier de Lévis-Mirepoix après la croisade des Albigeois, puis le site devint le fief d’une branche cadette. En 1329 le château est cité lors du partage familial, et un accord de 1380 précise son agrandissement, ses fortifications et sa garde. Il subit des destructions pendant les guerres de Religion et, bien qu'une ordonnance de Louis XIII ait ordonné sa démolition, seule l'enceinte fut partiellement abattue en 1633; à partir de 1640 Catherine de Lévis fit entreprendre réparations et constructions. Confisqué et vendu comme bien national à la Révolution, il fut racheté par la famille de Lévis en 1805. Les propriétaires du XIXe siècle, parmi lesquels Guy de Lévis et sa femme Marie-Josèphe de Merode, firent appel à l’architecte Clément Parent pour une importante restauration et reconstruction menée entre 1875 et 1883, associant des éléments médiévaux, gothiques, Renaissance et classiques. Les remaniements et les « fantaisies » du XIXe siècle ont largement modifié l’authenticité des volumes et des décors ; les maçonneries anciennes subsistent cependant, souvent intégrées dans des constructions s’étendant du XVe au XIXe siècle, notamment les bases du donjon ouest. À l’intérieur, un escalier du XVIIe siècle et une tour du XIVe siècle ont été conservés, mais la plupart des aménagements antérieurs ont été supprimés au profit d’agencements du XIXe siècle. Les murs de la chapelle sont revêtus de boiseries de style Louis XV, d’inspiration italianisante, provenant du château de Lagarde. La salle d’armes du premier étage, consacrée aux seigneurs de Lévis, présente un plafond peint aux devises et blasons de la famille, et des vitraux de l’atelier toulousain Saint-Blancat datés de 1883 illustrent leurs faits marquants. Une cheminée monumentale, initialement installée dans le palais épiscopal de Mirepoix, a été remontée à Léran au XIXe siècle et porte les armes de Philippe de Lévis, évêque de Mirepoix. Le château a fait l’objet de protections au titre des Monuments historiques : le grand escalier Louis XIII et la cheminée de la grande salle en 1959, puis les façades et toitures, la bibliothèque du deuxième étage avec ses boiseries, vitrines et cheminée, et la grande salle d'honneur par arrêté de 1986. Après la mort d'Antoine de Lévis-Mirepoix en 1981, le domaine a été vendu et divisé en appartements; il est aujourd’hui en copropriété privée et n’est pas ouvert à la visite, hors exceptions ponctuelles comme les Journées du patrimoine de 2010. Un incendie fin juillet 2013 a détruit la partie supérieure de l’aile gauche du bâtiment. Les archives du château, propriété de la famille de Lévis-Mirepoix, constituent un des plus riches chartriers du Languedoc et ont commencé à être publiées dès 1903 aux éditions Édouard Privat. Un film documentaire intitulé Léran, village et château, tourné à partir de 2012 par Andy Attenburrow, est sorti en août 2018.
