Château de Nanc-lès-Saint-Amour dans le Jura

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Maison forte

Château de Nanc-lès-Saint-Amour

  • Rue du Château
  • 39160 Nanc-lès-Saint-Amour
Château de Nanc-lès-Saint-Amour
Château de Nanc-lès-Saint-Amour
Château de Nanc-lès-Saint-Amour
Château de Nanc-lès-Saint-Amour
Château de Nanc-lès-Saint-Amour
Château de Nanc-lès-Saint-Amour
Château de Nanc-lès-Saint-Amour
Crédit photo : Chabe01 - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures : inscription par arrêté du 3 septembre 1934

Origine et histoire du Château de Nanc-lès-Saint-Amour

Le château de Nanc, situé à Nanc-lès-Saint-Amour, commune des Trois-Châteaux dans le Jura (Bourgogne-Franche-Comté), est une maison forte d’importance locale. Il se présente comme un parallélogramme rectangle de 24 m sur 14 m, orienté au sud-est, sur trois étages. La façade principale est ponctuée au centre par une grosse tour ronde équipée d’un escalier à vis ; des fenêtres à meneaux et des ouvertures de service donnaient directement sur l’extérieur. Une des tours carrées, figurée crénelée sur une fresque de l’abbé Jules‑François Moirod, complète cet ensemble défensif. La date exacte de la construction reste inconnue : la charte de 1308 ne mentionne pas de château, tandis qu’un document de 1434 qualifie la seigneurie de « châtellenie » lors de la confiscation opérée par Philippe le Bon au profit de Nicolas Rolin. Cette confiscation, au détriment d’Antoine de Laye par suite d’alliances politiques pendant la guerre de Cent Ans, atteste toutefois l’existence d’un château à cette époque. Les fiefs de la région proviennent du démembrement du grand fief des Dramelay et la seigneurie de Nanc semble avoir été détenue ensuite par la famille de Laubespin ; on peut raisonnablement attribuer à cette lignée la première maison forte implantée vers 1400, dont des fondations et un escalier taillé dans le roc ont été retrouvés lors de travaux ultérieurs. Une autre maison forte, au lieu-dit en Palent, est signalée par l’historien Rousset comme effondrée vers 1448, mais elle n’a laissé aucun vestige connu. À la fin du Moyen Âge, la région comptait déjà de grandes forteresses à Saint‑Amour, Coligny, Andelot et Laubespin, ce dernier étant un relais stratégique sur la route du sel. Après la mort de Nicolas Rolin, la seigneurie passa dans les mains des Champdivers, puis connut d’importantes destructions lors des campagnes de conquête qui accompagnèrent les conflits entre la Bourgogne et la France : la première maison forte de Nanc fut détruite lors du siège qui accompagna le second siège de Dole. La maison forte actuelle paraît avoir été reconstruite ensuite pour protéger la frontière et contrôler la lucrative route du sel, d’où l’épaisseur notable des murs (1,6 à 1,8 m), des planchers intercalés de sable et la présence de nombreuses meurtrières. L’écusson des Champdivers décorait autrefois la porte de la tour ronde. En 1519, le château fut vendu à Pernette de Gorrevod ; la famille Gorrevod, originaire de Bresse, joua un rôle important dans la région par l’ascension de Laurent de Gorrevod, proche de Marguerite d’Autriche et de Charles‑Quint, et par les alliances familiales qui suivirent. Par mariage et successions, la seigneurie passa aux Montjouvent puis, en 1642, à la famille de Lévis‑Charlus lorsque Jeanne de Montjouvent épousa Roger de Lévis‑Charlus. Les XVIIe siècle furent marqués par des sièges, des épidémies et des famines qui frappèrent la Comté ; en 1636‑1637 la région subit notamment des opérations militaires et une grave crise sanitaire et démographique. Au cours des guerres du Grand Siècle et des traités qui firent progressivement passer la Comté sous domination française, nombreux furent les châteaux détruits, mais celui de Nanc fut relativement épargné, sans doute en raison des liens de ses seigneurs avec la cour. En 1713 Charles‑Eugène vendit Nanc à Gaspard‑Joseph Vuillemenot, qui entreprit d’importants travaux à partir de 1717 et fut connu comme « de Nanc ». Son fils Emmanuel‑Marie fit valoir des droits seigneuriaux devant le parlement de Besançon, aboutissant en 1745 à une décision de recouvrement ; la mise en application de ces droits déclencha en 1748 une révolte au cours de laquelle le château fut attaqué, un concierge et un garde furent tués et jetés dans une oubliette, et le troisième étage contenant les archives fut incendié. À la Révolution le fief fut supprimé et, en 1794, une partie du château fut pillée et incendiée, l’écusson au‑dessus de la porte fut détruit et les installations seigneuriales comme le moulin et le pressoir furent démantelées. Des travaux réalisés en 1809 révélèrent un escalier à vis de six marches taillé dans le roc. La commune acquit la maison forte en 1838 pour 2 000 francs et y installa la mairie‑école jusqu’en 1936. La façade a été inscrite au titre des monuments historiques le 3 septembre 1934 ; l’ensemble fut racheté en 1937 par la famille Bolomier, qui utilisa les caves pour le stockage fromager.

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