Château de Plain-Marais à Beuzeville-au-Plain à Beuzeville-au-Plain dans la Manche

Patrimoine classé Maison forte Demeure seigneuriale Château de plaisance

Château de Plain-Marais à Beuzeville-au-Plain

  • Rue de Liveteau
  • 50480 Beuzeville-la-Bastille
Château de Plain-Marais à Beuzeville-au-Plain
Château de Plain-Marais à Beuzeville-au-Plain
Château de Plain-Marais à Beuzeville-au-Plain
Château de Plain-Marais à Beuzeville-au-Plain
Crédit photo : Xfigpower - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

Moyen Age, 2e moitié XVIIe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures du château et des communs ; douves avec leur pont et balustres qui les entourent (cad. A 162, 165, 168) : inscription par arrêté du 5 mai 1975 - Jardin bastionné du château : l'assiette de la plate-forme bastionnée, à l'exception des bâtiments et des douves avec leur pont et leurs balustres déjà protégés ; les deux portails et les trois bassins ; l'avant-cour avec ses murs ; le mur d'entrée, avec ses deux tours ; l'assiette de l'avenue d'accès (cad. A 159, 163 à 165, 167, 169) : inscription par arrêté du 11 février 1998

Origine et histoire du Château de Plain-Marais

Château de Plain-Marais

Perchée sur une colline du Cotentin à Beuzeville-la-Bastille, la demeure fortifiée de Plain-Marais domine les marais et la Douve, à 26 mètres d'altitude, au terme d'une longue avenue située à 500 mètres au sud-ouest de l'église Saint-Vincent. Le site, qui s'inscrit dans une perspective paysagère aboutissant au château de l'Isle-Marie et au château de Franquetot, a d'abord accueilli un camp romain contrôlant la voie de Bayeux à Portbail, puis une maison forte édifiée pendant la guerre de Cent Ans, entourée de hautes murailles et de fossés secs qui se remplitaient lors de l'inondation des marais. Du château primitif du XIVe siècle subsistent des caves voûtées sur piliers cylindriques; des tours et des ailes en retour d'équerre, probablement des XVe ou XVIe siècles, ont été conservées. À la fin du XVIe siècle, la famille de Saint-Simon entreprit d'importants travaux, et l'ensemble fut entièrement remanié au XVIIe siècle; la physionomie actuelle, sobre, résulte de ces transformations, qui comprirent aussi l'aménagement d'une plate-forme bastionnée à la manière de Vauban. La plate-forme comporte aux quatre angles des ouvrages bastionnés surmontés d'échauguettes en encorbellement, ainsi que trois vastes bassins semi-circulaires placés au centre de chaque côté et entourés de degrés de pierre supportant des statues, formant un ensemble décoratif inspiré des fortifications classiques. Le logis principal, d'un étage sur rez-de-chaussée et flanqué de deux tours polygonales plus anciennes, présente au milieu un perron donnant accès à une porte surmontée d'un fronton arrondi et d'un long fleuron; le toit est percé de quatre lucarnes simples. L'ensemble se développe autour d'une cour d'honneur accessible par un pont fixe qui a remplacé l'ancien pont-levis entre deux échauguettes; les douves, larges de dix mètres et profondes de trois mètres, sont revêtues de pierre de taille. Des balustrades remplacent aujourd'hui une partie du mur d'enceinte qui longeait autrefois le chemin de ronde; un mur entourant le domaine approche les deux kilomètres. On relève encore des éléments défensifs tels que des archères, des tours à échauguettes, des souterrains, ainsi qu'une chapelle intérieure où la famille d'Aigneaux assiste toujours aux offices. Une galerie de communs en rez-de-chaussée, disposée en forte avancée sur deux rangées, donne à l'ensemble la forme d'un « U ». La tradition rapporte un souterrain reliant Plain-Marais à l'Isle-Marie, ce qui paraît peu vraisemblable, mais il existe bien une galerie qui part du pont enjambant les douves pour mener à une salle voûtée sous la cour d'honneur, à l'emplacement de l'ancien donjon, et qui descend depuis ce pont jusqu'à la Douve sur plus de 300 mètres. Le site a longtemps été un point stratégique : il fut renforcé en 1374 dans le cadre du plan de défense des côtes et connut des combats pendant l'occupation anglaise des XVe siècles; il dépendait de la châtellenie de Varenguebec et fut commandé successivement par des capitaines tels que Jean d'Arclais et Jean de Talbot. Propriété de familles locales du XVe au XIXe siècle — dont les armoiries subsistent sculptées —, le château a accueilli des personnages comme Chateaubriand, qui y aurait rédigé une partie de ses Mémoires d'outre-tombe lors d'une visite familiale, et il joua un rôle pendant la Révolution et les conflits du XXe siècle, servant notamment d'étape aux prisonniers après la déroute de 1940 et, en juin 1944, de lieu de séjour pour l'état-major de la 90e division américaine, ses caves servant de poste de commandement. Aujourd'hui la propriété appartient à la famille d'Aigneaux et le comte Jean d'Aigneaux en est le propriétaire; les extérieurs, la chapelle et la salle des gardes sont ouverts au public sur rendez-vous de mai à septembre. Les façades et toitures du château et des communs, ainsi que les douves avec leur pont et leurs balustres, sont inscrites au titre des monuments historiques, et le jardin bastionné, avec ses portails, ses bassins, son avant-cour et l'assiette de l'avenue d'accès, fait l'objet d'une inscription distincte; le site figure par ailleurs à l'Inventaire général et le parc a été placé en pré-inventaire des jardins remarquables.

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