Origine et histoire du Château de Rosières
Le château de Rosières est un manoir fortifié situé sur la commune de Saint‑Seine‑sur‑Vingeanne, en Bourgogne‑Franche‑Comté. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 3 juin 1927 et classé depuis le 28 janvier 1930. Le domaine se trouve sur la RD 30, à trois kilomètres au sud‑ouest de Saint‑Seine‑la‑Tour, à proximité de la Vingeanne.
Dès le XIe siècle, le nom de Rosières apparaît dans des chartes pour désigner une « grange », domaine d'exploitation rurale attaché à une seigneurie. D'origine ducale, le fief de Rosières aurait été concédé en 1321 (ou 1320 ?) à la famille de Saint‑Seine par Eudes IV, duc de Bourgogne, en échange de la grange d'Estaule. Pierre de Saint‑Seine entreprend la construction du domaine entre 1321 et sa mort en 1350. Au XVe siècle, le manoir est fortifié avec l'accord du duc pour servir de refuge aux cultivateurs, le donjon semblant avoir été achevé en 1445. En 1474, la « maison forte » de Rosières appartient à Pierre et Guillaume de Saint‑Seine, et des armoiries de la famille, peintes ou sculptées au XVe siècle, subsistent dans la bâtisse.
Après plusieurs ventes et successions, le domaine revient en 1682 à Claude Bernard‑Maillard, marié à Anne‑Reine Mallot du Bousquet, qui procède à des aménagements à la fin du XVIIe siècle et fait édifier à proximité un pavillon de style classique. Au XVIIIe siècle, la propriété change encore de mains — Claude Bernard, co‑seigneur d'Attricourt, l'achète en 1708, elle passe ensuite à Jean Verchère et Agnès de Richemont par donation en 1728, puis à Jean Chanteau en 1733 — puis revient à Bénigne Le Gouz en 1752. Dès lors, Rosières perd son statut de demeure seigneuriale et devient la résidence des régisseurs, qui l'entretiennent sans effectuer de travaux importants, laissant l'ensemble dans son état de la fin du XVIIe siècle. La famille Bergerot achète le château en 1980 ; les propriétaires actuels l'exploitent en chambres d'hôtes, l'ouvrent à la visite toute l'année de 10h à 19h et proposent des activités pour enfants, telles qu'une chasse au trésor.
Aujourd'hui entouré de bâtiments d'exploitation agricole, le domaine comprenait autrefois des murailles baignant dans un fossé d'enceinte et un double rang de fossés séparés par un terre‑plein, et l'escarpe du rempart abritait un souterrain voûté, dit‑on, reliant Rosières à une maison de Saint‑Seine. L'élément principal de l'ancienne maison forte est un imposant donjon des XIVe et XVe siècles, mesurant 21 m sur 13,50 m ; ses murs épais de 1,80 m s'élèvent sur 19 m de la base des fossés à la toiture. Ce donjon carré, bien conservé, présente des éléments caractéristiques des fortifications médiévales : ceinture de mâchicoulis en accolade à consoles formées d'un triple tore, chemin de ronde complet, échauguettes sur trois angles — dont une seule subsiste au nord‑ouest — et meurtrières.
Une grosse tour quadrangulaire du XIVe siècle renforce l'angle sud‑ouest ; elle a perdu sa haute toiture à quatre pans et son lanternon qui lui donnaient autrefois un aspect de clocher, comme en témoignent les peintures murales du pavillon. Le donjon est couvert d'une toiture à quatre pans reposant sur une charpente en chêne d'origine ; ses combles, très développés, atteignent 12 m de hauteur et comprennent une cheminée centrale à six conduits. Le bâtiment abrite une salle de réception ornée d'une cheminée du XVe siècle et de baies et d'un plafond peints du XVIIe siècle, ainsi que des éléments tels qu'une ancienne cuisine voûtée munie d'anneaux de suspension, des cheminées monumentales et un escalier à vis.
Plusieurs chambres, aujourd'hui utilisées en chambres d'hôtes, témoignent de différentes époques : la « chambre des ducs », refaite au XVIIe siècle par les Maillard avec une alcôve en anse de panier et des armoiries peintes sur les embrasures, une chambre du XVe siècle avec carrelage vernissé multicolore et double porte à plis de serviette, une autre du XVe siècle dotée d'une cheminée et d'un écusson de la maison de Saint‑Seine mais d'une fenêtre à banc de pierre du XVIIe siècle, et enfin une chambre du XIVe siècle installée au sommet de la tour quadrangulaire, avec fenêtre à meneau et plafond composé de poutres en chêne côte à côte. La tour quadrangulaire comprend aussi une pièce dite « la prison », avec quatre anneaux dans la voûte et deux meurtrières.
Le domaine comprend en outre un colombier à pied garni de boulins, une porte charretière ouverte dans une tour fortifiée couverte d'une toiture de pavillon — autrefois précédée d'un pont‑levis —, une chapelle dite Saint‑Georges près de laquelle résidait un prêtre desservant, et divers bâtiments loués à des cultivateurs. Le pavillon du XVIIe siècle, construit par Claude Bernard‑Maillard et Anne‑Reine Mallot du Bousquet, est décoré de fresques représentant notamment une vue du château au XVIIe siècle et les armoiries des Maillard‑Bousquet. Des jardins ont également été aménagés.