Origine et histoire du Château de Sallenôves
Le château de Sallenove, parfois écrit Sallenôves, est une ancienne maison forte du XIIe siècle, fortement remaniée aux XIVe–XVe siècles et centre médiéval de la seigneurie de Sallenove; il se dresse au hameau de Bonlieu sur la commune de Marlioz, en Haute-Savoie (région Auvergne-Rhône-Alpes).
Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 17 avril 1931.
Implanté à 400 m d'altitude, il occupe un éperon rocheux dominant le confluent des vallées des Petites et des Grandes Usses.
Au Moyen Âge, il contrôlait le passage à gué voisin d'une ancienne voie romaine, sur l'une des voies principales du comté de Genève reliant la cité genevoise, par le Mont-Sion, à Seyssel et son port sur le Rhône, et percevait des revenus liés aux péages.
Sa pendant, la maison forte de Marlioz, surplombe les Grandes Usses.
Le château appartint à la famille de Sallenove, étroitement liée à l'histoire de la Savoie et à l'origine de la maison de Viry, vassale des comtes de Genève.
Le premier membre connu est Guillaume, qualifié de « miles de aula nova » en 1160.
En 1275, Aimon de Sallenove rend hommage au comte Aymon II de Genève pour le château, et en 1309 il lègue cinq bichets de froment de cens annuel hypothéqués sur le moulin sous le château.
Charles IV de Luxembourg y fut accueilli en juin 1365, lors de son retour d'Arles où il s'était fait couronner roi d'Arles.
Au début du XVIe siècle, Alexandre, seigneur et baron de Sallenove, fut nommé conseiller du duc Charles III de Savoie et participa à la Diète de Zurich avec le chanoine Eustache Chappuis pour transiger avec les habitants de Genève et de Fribourg; le château fit alors l'objet de travaux de modernisation.
En 1536, lors de l'invasion de la Savoie par les troupes de François Ier, Alexandre de Sallenove arrêta les Français aux pieds du château.
Le château fut restauré en 1544 et 1546.
Charles de Sallenove, gentilhomme ordinaire de Charles Quint, donna les châteaux de Sallenove et de Marlioz à Pierre de Montluel en 1583.
À la mort de Pierre de Montluel, sa veuve céda les seigneuries au duc Emmanuel Philibert de Savoie en 1589, qui les donna en fief à Simon Marmier, seigneur de Moissy.
Le 19 juin 1589, le château accueillit une rencontre entre le comte de Challant, représentant du duc de Savoie, et les Bernois pour établir la paix entre les Suisses et la Savoie.
En 1602, le château fut également le théâtre d'une rencontre liée à la trahison du duc de Biron aux dépens d'Henri IV, lors de pourparlers avec des représentants du duc de Savoie et du roi d'Espagne.
En 1651, Gaspard de Livron reçut les châteaux en dot de la nièce de Simon Marmier; ils eurent ensuite, jusqu'au XXe siècle, des propriétaires communs qui préférèrent habiter le château de Marlioz, rénové en 1673, au détriment de Sallenove.
Les familles Malivers, Pingon (en 1773), le comte de La Prunarède (en 1829) et l'abbé Édouard Scott se succédèrent ensuite.
En 1873 les châteaux furent vendus à Jean Daudens de Marlioz; Sallenove fut acheté en 1930 par Émile Schurch, qui le restaura, et il appartient toujours à sa famille.
Le promontoire du château est à pic de tous côtés et n'offre qu'un accès possible à l'est, vers la Chetaz, où il est défendu par une double ceinture de fossés secs taillés dans la roche, aujourd'hui comblés.
Une vaste enceinte occupe le sommet et la basse-cour est accessible par l'est après la porte maîtresse et un bastion; la porte, surmontée d'un blason aux armes des Sallenove, était défendue par une canonnière.
L'ensemble comprend deux vastes corps de logis flanqués de deux tours carrées, la « Tour salle » et la « Tour du carré », et comportait une tour maîtresse dite « Tour de César », ruinée à la Révolution dont les pierres servirent au XIXe siècle à construire l'église de Marlioz.
La Tour de César, de 9 × 12 m avec des murs d'1,30 m d'épaisseur, constitue la partie la plus ancienne dont seules les faces sud et ouest ont été conservées; Louis Blondel date ses parements en litages réguliers du début du XIIIe siècle.
L'accès à la cour intérieure se faisait par une porte percée entre la Tour de César et la Tour du carré, protégée par un mâchicoulis sur consoles dont ne subsistent que les consoles.
La Tour du carré est éclairée notamment par une fenêtre à croisée d'angle; la cuisine ouvre sur la cour et le puits se trouve dans une cave contiguë.
À l'étage, une chapelle voûtée en ogive dédiée à Sainte-Catherine, implantée au bout d'une galerie de style gothique, communique directement avec les appartements privés, dans une volonté d'imitation des châteaux « princiers ».
Le château connut une première extension aux XIVe–XVe siècles avec la construction de la Tour salle, puis un profond remaniement de style Renaissance en 1534; il a fait l'objet d'une importante restauration au XXe siècle.
Un colombier était érigé au pied de l'éminence qui porte la maison forte.
Le château de Sallenove est considéré comme hanté dans le département de la Haute-Savoie; une salle dite « chambre du Diable » serait fréquentée par un spectre décrit comme un cheval armé, caparaçonné et écumant, qui disparaissait au dernier coup de minuit.