Origine et histoire du Château de Sibra
Le château de Sibra est une maison forte située à Lagarde (Ariège), largement remaniée au XIXe siècle et inscrite aux monuments historiques depuis 2004. Le site dépendait de l'abbaye de Camon ; en 1597 la seigneurie est acquise par Louis de George, anobli Saint-George. En 1706, par des mesures prises sous Louis XIV, les religieux de Camon retrouvent la seigneurie avec ses anciennes redevances, tandis que le moulin demeure banal. À cette époque, le château est décrit « à quatre tours avec toutes marques seigneuriales » ; la chapelle et les communs forment une cour carrée entourée de murailles en « pierre chaux et sable ». En 1712 la famille de Saint-George rachète la seigneurie et, en 1761, exerce encore « toute justice et directe » sur les hameaux de Sibra, Pastouret et Sermet. Aux XVIIIe siècle les terres sont partagées entre vigne (15 %) et cultures céréalières (blé, orge, avoine). Vers 1811 le domaine passe à la famille Espert ; Pierre Espert, dit de Sibra, issu de cette famille, se distingue comme officier sous l'Empire et reçoit le titre de vicomte. En janvier 1878 le domaine est vendu aux enchères au profit de Joseph Paul François Villary dit Alcide Villary de Fajac ; la propriété comprend alors de vastes bâtiments d'habitation et d'exploitation, écuries, étables, remises, jardins d'agrément et potagers, fermes et près de 150 hectares. De l'ancienne courtine subsistent deux tours rabaissées, visibles aujourd'hui dans la « Maison du Boulanger » et dans la tour-réservoir, proches de la façade occidentale du château. À partir de 1878 l'ancienne maison forte est réaménagée et partiellement reconstruite par l'entrepreneur Delpoux de Lagarde sous la direction de l'architecte toulousain Louis Mortreuil, représentant du courant néo-médiéval rationaliste méridional ; la reprise de la grande tour carrée en pierre de taille et béton est chiffrée à 45 627 francs et celle des dépendances à 20 464 francs. En 1880 une reconstruction s'inscrit dans le style troubadour et l'ensemble extérieur se pare d'un décor éclectique mêlant références médiévales et Renaissance. Sur la façade donnant sur le parc un médaillon ovale en relief représente saint Georges terrassant le dragon. L'ornementation intérieure recourt au vocabulaire néo-médiéval et néo-renaissance : tapisseries traitées « à la manière médiévale », vitraux signés Saint-Blancat, tapisseries fournies par le décorateur parisien Tétrel et importantes cheminées ornées d'éléments en terre cuite et de carreaux vernissés réalisés par l'atelier Virebent, dont la cheminée monumentale de la salle à manger. Le domaine comprend un parc paysager d'environ 15 hectares, aménagé à partir de 1883 selon les règles du parc à l'anglaise et agrémenté de pièces d'eau. Le parc comporte plusieurs fabriques — dont un ancien rucher-miellerie en ciment moulé reprenant l'aspect d'un ouvrage en rondins, conformément à une mode de la fin du XIXe siècle — ainsi qu'un relais de chasse, un obélisque et une grotte artificielle. On y trouve également des essences remarquables telles que ginkgo biloba, sophora et hêtre pleureur. En 2017 le château est devenu la propriété de l'architecte suisse Sybille Thomke, qui y a entrepris d'importants travaux, aménagé des chambres et installé un restaurant.