Origine et histoire
Le château Saint-Aubin se situe sur la commune de Saint-Aubin-sur-Mer, en Seine-Maritime, en Normandie. Il avait à l'origine la fonction de défendre la vallée du Dun. Le premier seigneur connu de Saint-Aubin, Henri de Ferrières, est mentionné en 1205. En 1604, l'aveu rendu par Charlotte des Ursins rapporte qu'il ne restait que des murailles ruinées d'un ancien bâtiment défensif détruit par les guerres. Pendant quatre siècles, jusqu'en 1653, le château dépendit de la baronnie de Ferrières. En 1653, la propriété fut achetée par Charles Le Conte, marquis de Nonant, puis acquise en 1682 par Simon Arnauld, marquis de Pomponne, secrétaire d'État aux Affaires étrangères sous Louis XIV. En 1697, Alphonse Auber de Daubeuf acheta la terre de Saint-Aubin et entreprit la construction du château actuel en réutilisant des matériaux de l'édifice antérieur. Les Auber de Daubeuf vendirent la propriété en 1719 à Gaspard Moïse Augustin de Fontanieu, intendant du Dauphiné et contrôleur général des meubles de la couronne en 1718, succédant à son père Moïse-Augustin de Fontanieu. Le 6 juillet 1745, Gaspard Moïse de Fontanieu et son épouse vendirent le domaine à Marie Madeleine Marguerite Le Ber de Trouville, veuve de Thomas Caillot, seigneur de Coqueréaumont et conseiller en la Chambre des Comptes de Normandie. À sa mort en 1755, le domaine passa à son fils Antoine Pierre Thomas Louis Caillot de Coqueréaumont, président en la Cour des Comptes, Aides et Finances de Normandie, qui le revendit le 22 mars 1765 à Louis-Charles Antoine de Gouffier, marquis d'Heilly, pour sa fille Adélaïde. En 1771, Adélaïde de Gouffier et son époux Marie Gabriel Florent Auguste de Choiseul rattachèrent le domaine à la famille Choiseul Gouffier. Saint-Aubin resta un siècle dans cette famille ; pendant cette période furent créés le saut-de-loup et plantés les hêtres qui forment la grande allée d'accès. La Révolution française entraîna le morcellement de la terre de Saint-Aubin, qui formait jusque-là une unité domaniale. Après la mort d'Adélaïde en 1816, les 611 hectares du domaine furent partagés en 1818 entre ses six enfants puis vendus. Le château revint ensuite à la marquise de Belmont, héritière de son mari qui avait acheté le domaine au comte Octave de Choiseul Gouffier. En 1858, Eustache Dely Houdeville, issu d'une famille rouennaise ayant fait fortune dans l'industrie du lin, acquit le domaine et ses fermes. La propriété est demeurée depuis dans la même famille. Suzanne Houdeville épousa René Saint Pierre en 1913 ; leur fils Robert Saint Pierre fut maire de Saint-Aubin-sur-Mer pendant trente-six ans, développa le tourisme local et reçut la médaille d'or du tourisme en 1992. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château abrita la Kommandantur et fut occupé par les forces allemandes, ce qui causa des dommages importants.
Le château est une ancienne maison forte qui commandait la vallée du Dun, comme il en existait aux embouchures des rivières au Moyen Âge. De cette époque subsistent des caves sur deux étages et le colombier cylindrique. La demeure actuelle, de pur style Louis XIII mais aux lignes plus élancées que celles du début du XVIIe siècle, est estimée avoir été édifiée avant 1650. Le centre et l'aile nord alternent grès et briques d'un joli teint rosé ; l'aile sud est principalement en grès et en silex provenant de l'ancienne maison forte. Les soubassements et les chaînes d'encoignure sont en blocs de grès. Devant la grille d'entrée s'ouvre une allée de hêtres ; le parc jouxte le littoral et la vallée du Dun, site protégé par le Conservatoire du littoral.
Le colombier, qui existait déjà avant le château, fut conçu comme tour de défense puis converti en colombier au XVIIe siècle. Il est construit en blocs de grès et de silex taillés ; ses murs ont une épaisseur d'environ un mètre. Le parc est classé depuis 1943. Les façades et les toitures du château ainsi que celles du colombier sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 15 juin 1976.