Origine et histoire
La cheminée dite Le Colosse est la cheminée d'une ancienne usine sucrière située au Colosse à Saint-André, sur l'île de La Réunion. Elle est inscrite en totalité à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 27 juin 2002, de même que son terrain d'assiette. Entre la mer et la route, au PK 2,5 du C.D. 47 en face du chemin Lagourgue, on aperçoit les ruines de l'usine centrale construite par Nicole Robinet de la Serve. L'établissement sucrier, créé en 1827 par Nicole Robinet de la Serve associé à Xavier Bellier Montrose et Marie Marguerite Pignolet, prit initialement le nom d'Établissement de Champ-Borne. La société fit faillite en 1829-1830 et Nicole de la Serve perdit la gestion. En 1831 une importante révolte des engagés indiens se produisit, puis en 1833 Luc Gardye de la Chapelle devint propriétaire. En 1850 furent construits des calbanons constitués de trois longères de 60 mètres disposées en U. En 1857 l'usine appartenait à Imhaus et employait 222 travailleurs, dont 169 Indiens et 22 cafres; en 1880 elle était détenue par Imhaus, Lachapelle et Levavasseur et comptait 123 travailleurs, dont 95 Indiens et 9 cafres. En 1882 la famille Bœuf devint propriétaire et l'usine se reconvertit en féculerie de tapioca et d'arow-root; l'activité cessa définitivement en 1897. Le site a été marqué par une forte immigration indienne, dont le temple du Colosse est un témoin. Nicole Robinet de la Serve, créole né en 1791, descendait par sa mère de Marie Caze, l'une des premières femmes malgaches ayant contribué au peuplement de l'île, et, par son père officier de marine, avait des origines périgourdines; il appartenait à une famille de propriétaires moyens et vécut principalement à Saint-André et à Salazie. Il eut sept enfants de deux épouses et, selon l'historien Jean-François Géraud, il fonda en 1827 la société du Champ-Borne chargée de construire l'usine. L'appellation « Le Colosse » s'imposa entre 1840 et 1848. Il s'est également distingué en invitant ses compatriotes à ne pas s'opposer aux mesures menant à l'émancipation progressive des esclaves et en proposant au directeur Betting de Lancastel un plan d'immigration contractuelle depuis l'Inde. Sa suggestion ayant été ratifiée par le Conseil privé, lui et ses associés confièrent à Joseph Argand le recrutement d'un premier contingent de vingt travailleurs pour l'île; en 1828-1829 près de trois mille Indiens furent introduits et des difficultés surgirent, ces travailleurs étant souvent traités comme une main-d'œuvre servile placée sous l'autorité de « commandeurs ».